L’image du mois de septembre 2022 : M8 ou la Nébuleuse de la Lagune

Pour le mois de septembre 2022, nous retournons dans le ciel profond avec une image encore jamais publiée dans ces colonnes : la Nébuleuse de la Lagune, ou M8 dans le catalogue Messier.
Cliquer sur l’image pour l’observer en plein format.

Cette image a été obtenue en juillet 2022 par Pierre Drumel, avec une lunette apochromatique Skywatcher AP 120/840 ESPRIT-120ED Professional OTA, fixée sur une monture Skywatcher AZ-EQ6 GT SynScan GoTo autoguidée, et munie d’une caméra couleur ZWO ASI 2600 MC Pro Color. Sur 25 clichés de 304 secondes (exposition = 300 secondes + intervalle de 2 secondes + dithering -tramage aléatoire- de 2 secondes), seuls 19 ont été retenus, conduisant à un temps d’exposition global de 1H35 minutes. Le traitement numérique de ces clichés a été assuré avec les logiciels Pixinsight version Ripley, et Corel Paintshop Pro 22.

Située dans la constellation du Sagittaire, en dessous la Nébuleuse Trifide M20, en bordure droite de la Voie Lactée, au-dessus de l’astérisme de la Théière, comme le montre le schéma Stellarium ci-dessous, M8 peut être observée à l’œil nu dans de bonnes conditions:avec un filtre UHC (Ultra High Contrast) qui diminuera les effets nuisibles de la pollution lumineuse et augmentera la brillance de la nébuleuse.

M8 est facilement repérable aux jumelles dans de bonnes conditions, au mois d’août notamment lorsque les nuits sont les plus claires. C’est une nébuleuse diffuse en émission, pouponnière d’étoiles, distante environ de 5 200 AL de nous. De magnitude apparente 6, elle couvre un secteur angulaire de 90 X 40 minutes d’arc, correspondant grosso modo à 3 pleines lunes alignées côte à côte.

La Nébuleuse de la Lagune est constituée par un immense nuage d’hydrogène (d’où la couleur rouge dominante) et de poussières excité par une supergéante bleue, l’étoile 9 du Sagittaire. D’après la NASA, cette étoile massive serait “2 000 000 fois plus brillante que le Soleil“. Sur l’image, c’est l’étoile la plus brillante au cœur de la nébuleuse, de magnitude apparente 6,9.

Comme de nombreuses nébuleuses diffuses, M8 contient un bel amas ouvert NGC 6530, issu de la nébuleuse, constitué d’une centaine d’étoiles jeunes et très chaudes de type O et B, âgées seulement de 2 millions d’années. C’est le groupe d’étoiles qu’on voit au-dessus du cœur et qui est vraisemblablement devant la nébuleuse.

L’une des caractéristiques remarquables de la Nébuleuse de la Lagune est la présence de nuages sombres connus sous le nom de “globules de Bok” qui sont des nuages en train de s’effondrer en proto-étoiles, leurs diamètres étant de l’ordre de 10 000 AL. Certains de ces globules ont été répertoriés dans le catalogue des nébuleuses sombres de E. E. Barnard. Conduisant le plus souvent à la formation de systèmes d’étoiles doubles ou multiples, ils sont très étudiés actuellement.

L’origine de sa découverte est assez compliquée :
1654 : 1ère observation de la nébuleuse par Giovanni Battista Hodierna, scientifique, architecte et prêtre sicilien.
1680 : observation de l’amas seulement, par John Flamsteed, astronome britannique, ignorant les travaux de Hodierna.
1746 : résolution de plusieurs étoiles de l’amas par Jean Philippe Loys de Chezeaux, astronome suisse, de renommée européenne qui classifia l’objet en qualité d’amas.
1747 : observation de la nébuleuse dans son ensemble par Guillaume Le Gentil, astronome français célèbre pour sa malchance dans l’observation des transits de Vénus en 1761 et 1769 qui auraient permis de mesurer la distance Terre-Soleil avec une grande précision pour l’époque..
1764 : observation de l’amas ouvert par Messier, qui note secondairement l’existence d’une  “lueur” (nébuleuse) autour de l’étoile 9 Sagitarii.
1890 : le nom de “Nébuleuse de la Lagune” est donné à M8 par l’astronome britannique Agnes Mary Clerke.
– découverte par Herschel de la région brillante dans le cœur de la nébuleuse, ayant une forme de sablier, d’où le nom parfois donné de : Nébuleuse du Sablier.
1997 : observation poussée par le télescope Hubble.

Le mois de septembre est encore propice pour observer et photographier la Nébuleuse de la Lagune. Alors, à vos instruments et bonnes soirées dans la douceur de la fin de l’été.

Webographie :
https://fr.wikipedia.org/wiki/N%C3%A9buleuse_de_la_Lagune
https://www.stelvision.com/astro/fiche-observation/la-nebuleuse-de-la-lagune-m8-aux-jumelles/
https://www.astropolis.fr/catalogue-Messier/articles/M8/astronomie-messier-M8.html
http://jalle-astro.fr/pw/picture.php?/819
https://fr.wikipedia.org/wiki/Globule_de_Bok

 




Compte rendu de la soirée d’observation du 28 mai 2022

Petit retour sur la soirée d’observation du 28 mai 2022 dans le vignoble de Verneuil-sur-Vienne (87), la première depuis longtemps, entre Lune trop présente et météo contrariante…

Participants (6) et matériel :
Jean-Pierre DEBET, jumelles sur pied
Daniel DEBORD, tablette lumineuse…
Pascal KIEFFER, lunette de 120 mm, café sucré
Frédéric DELLOUME, Dobson 130/630
Myriam CHANTEREAU, lunette ornithologique
Denis LEFRANC, Dobson 400/1800

Le Dobson 400 se met en température. Derrière, Pascal installe sa lunette 120.

Conditions météo :
Température douce mais fraichissant rapidement en cours de soirée. Ciel clair, pas mal de traces d’avions et quelques petits nuages d’altitude qui ont rapidement disparu. Un peu de vent mais rien de gênant. Turbulence très modérée. Pollution lumineuse marquée sur l’Est.

Observations :
Passage de l’ISS à 22h38, bien lumineuse malgré un ciel loin d’être noir.
A partir de 23h, le ciel commence à s’assombrir.

Objets observés :

Amas globulaires et amas ouverts:
M 53 : dans la Chevelure de Bérénice, petit amas pas facile à résoudre, peu contrasté.
M 13 : le Grand Amas d’Hercule, dans la constellation du même nom, bien résolu dans la 120mm de Pascal, superbe au Dobson de 400 avec une belle sensation de relief. Imposant avec un oculaire de 10mm.
M 92 : toujours dans Hercule, plus concentré que M13, mais tout aussi contrasté. Superbe, lui aussi.
M 80 : dans la constellation du Scorpion, assez joli et facilement résolu au 400.

Galaxies :
M 104 : la galaxie du Sombrero
, dans la constellation de la Vierge : toujours aussi joli malgré la pollution lumineuse qui affadit le contraste. Au 20mm dans le Dobson, noyau assez brillant et assez bonne vision de la bande de matière sombre sur la partie supérieure.
NGC 4565 : la galaxie de l’Aiguille, dans la constellation de la Chevelure de Bérénice : ma galaxie préférée. En vision indirecte, belle vision de la taille de la galaxie, très fine et très étendue. La bande de matière sombre n’était pas très visible.
M81 : galaxie de Bode – M82 :  galaxie du Cigare : dans la Grande Ourse : très jolies au 31 mm. Belle vision de la structure de M82.
M51 : la galaxie du Tourbillon dans la constellation des Chiens de Chasse. Belle vision des bras spiraux de la galaxie principale, mais le pont de matière avec la petite galaxie d’à côté était invisible (merci la pollution lumineuse).

Nébuleuses planétaires :
M97 : la Nébuleuse du Hibou
dans la Grande Ourse, pas très intéressante car vision d’une boule grise sans détail ni contraste. Ça reste un objet difficile en visuel, même au Dobson, surtout sous un ciel pollué.
M57 : la Nébuleuse de la Lyre
, dans la constellation du même nom, évidente avec le 31 mm malgré son positionnement à l’Est, pollué par les lumières de Limoges. Au 20 mm c’est presque mieux : belle vision de l’anneau et de la nébulosité au centre.

Conclusion :
Une bonne soirée à l’ambiance sympa, un bon parcours dans le ciel avec beaucoup d’objets observés. On peut regretter la pollution lumineuse qui affadit le contraste. Il a fallu attendre minuit pour commencer à profiter d’un ciel à peu près noir.
Personnellement, j’ai eu beaucoup de plaisir à ressortir le Dobson, qui n’avait pas vu le ciel depuis au moins 3 ans et à partager de belles images avec les adhérents présents.

Denis LEFRANC




L’image du mois d’avril 2022 : la Nébuleuse du Cœur ou IC 1805

Pour le mois d’avril 2022, nous nous rendons dans la constellation de Cassiopée avec cette image en technique SHO de la Nébuleuse du Cœur, aussi répertoriée sous le numéro 1805 dans l’Index Catalogue (IC). Ce catalogue, compilé par John Dreyer fut publié pour la première fois en 1895 comme deux annexes au New General Catalogue (NGC). Il contient les galaxies, amas d’étoiles et nébuleuses découvertes entre 1888 et 1907.

Nébuleuse du CoeurEn cliquant sur l’image, vous situerez l’endroit où se situe une nébuleuse planétaire en train d’émerger.

Cette photo a été prise les 5 et 6 septembre 2021 par Julien Denis en milieu urbain à Limoges avec une lunette  Redcat 51 William Optics (f = 250 mm, F/D = 4,9) autoguidée, munie d’une caméra ASI1600 mm refroidie à -10°C et des 3 filtres à bande spectrale étroite S, H et O.
Le temps de pose global est de 12 H, décomposé en :
– 3 h (12 x 10 mn) avec le filtre H alpha,
– 3h (12 x 10 mn) avec le filtre OIII,
– 3h (12 x 10 mn) avec le filtre SII.
Le pré-traitement a été réalisé avec Siril et le post-traitement SHO avec Pixinsight.

La nébuleuse du Cœur est l’une des « stars » du ciel d’automne située dans un triangle fermé par les constellations de Persée, de la Girafe et de Cassiopée.

De par ses dimensions, la richesse de sa structure, ses (fausses) couleurs subtiles et sa silhouette globale se prêtant à la visualisation de formes connues, elle constitue une cible incontournable pour les astro-photographes amateurs ! Sa magnitude apparente, de l’ordre de 6, permet de l’observer à l’oculaire. Mais des poses longues de plusieurs heures la restituent dans toute sa splendeur.
Située à environ 7 500 années-lumière, soit 5 fois plus éloignée que la Nébuleuse d’Orion M42, elle n’en présente pas moins des dimensions apparentes conséquentes : 150′ X 150′, soit 5 fois celle de la Pleine Lune.
S’étendant dans le ciel sur près de 200 années-lumière, IC 1805 est une nébuleuse en émission de composition classique. Elle renferme de l’hydrogène gazeux brillant, ionisé par le rayonnement d’étoiles centrales (de luminosité jusqu’à 3 millions de fois celle du Soleil) formant l’amas ouvert nommé Melotte 15, et d’obscurs nuages de poussière plus sombres, visibles par contraste lorsqu’ils se trouvent en avant-plan des zones ionisées.
Du fait de son apparence très caractéristique, surtout après une rotation d’un quart de tour dans le sens horaire, elle a été surnommée la ”Nébuleuse du Cœur”.

En examinant soigneusement sa photo, Julien a été attiré par un étrange artefact bleu situé en périphérie de la Nébuleuse IC 1805. Cette zone est repérée par un cercle vert sur la photo obtenue en cliquant sur celle de départ, et visualisée sur l’agrandissement ci-dessous :
Après une recherche avec Aladin, il apparaît qu’il s’agit de Webo-1, une nébuleuse planétaire en train d’émerger. Elle se distingue par un disque bleu de forme ovale (bien visible au centre de l’agrandissement) composé de gaz incandescent, apparemment regroupé, autour d’un système d’étoiles binaires.
Webo-1, situé environ à 5400 années-lumière, n’a été découverte qu’en 1995 par R. Webbink et H. Bond, leur article en anglais est repéré ici.
Il y a peu de photos sur Internet de cet objet ; en tout cas, assez peu de vues détaillées, la plus belle que j’ai trouvée étant celle-ci, et la plus documentée ici.

Webographie :
https://millenniumphoton.com/portfolios/ic1805-nebuleuse-coeur/
https://fr.wikipedia.org/wiki/IC_1805
http://outters.fr/wp/?p=4912




L’image du mois de décembre 2015 : NGC 7635 et M52

4 NGC 7635 Ha RVB retouchée JPPour le dernier mois de l’année 2015, voici 3 objets célestes situés de part et d’autre de la frontière entre les constellations de Cassiopée et de Céphée :

  • la belle Nébuleuse (en émission) de la Bulle, connue officiellement sous le numéro NGC 7635, au milieu de la photo,
  • la nébuleuse NGC 7538 (en émission et réflexion), plus petite, sans nom particulier, en haut à droite,
  • l’amas ouvert M 52 , aussi dénommé NGC 7654, en haut à gauche.
    Cliquer sur l’image pour l’observer en résolution supérieure et ici pour localiser ces 3 objets.

Cette photo a été réalisée par Jean Pierre Debet sur 2 nuits en août 2015 à Saint Léonard de Noblat au moyen d’une lunette TMB de 520 mm de focale, fixée sur une monture Losmandy G11 et équipée d’une caméra CCD SBIG 8300 STF. Le temps de pose global de 6 heures et 30 minutes se décompose ainsi : 4 heures en Hα (24 poses de 10 min en bin 1) + 50 min pour le rouge + 40 min pour le vert  + 1 heure pour le bleu (poses de 2 min en bin 2). Le traitement numérique a été effectué avec Pixinsight selon la méthode HARVB.

Assemblage

Ainsi que le suggère le schéma de gauche ci dessus [1], deux de ces objets , NGC 7635 et M 52, sont situés dans la constellation de Cassiopée, et le dernier, NGC 7538, dans la constellation de Céphée. Pour les trouver facilement, il suffit de reporter, sur le schéma de droite tiré de Stellarium, dans la direction de Céphée, le segment joignant α Cas (Shedir) et β Cas (Caph), les 2 dernières étoiles les plus brillantes de la constellation.

Informations sur la Nébuleuse de la Bulle :

Imaginez une étoile 40 fois plus massive et plusieurs centaines de milliers de fois plus lumineuse que notre Soleil. Eh bien, cette étoile c’est celle qui est la plus brillante à l’intérieur de la petite bulle rouge rosé, située au milieu de l’image découpée et agrandie ci-dessous. Elle s’appelle BD 602522. C’est une étoile Wolf-Rayet (en abrégé étoile WR, du nom des découvreurs) de magnitude 7. Il y a seulement environ 300 étoiles Wolf-Rayet connues dans notre galaxie.
5 NGC 7635 découpéeCes étoiles sont les descendantes des étoiles les plus massives des populations stellaires : leur masse est comprise entre 20 et 80-150 fois celle de notre Soleil.  Elles sont dans une phase très avancée de leur fin de vie, ce qui veut dire que la fusion en leur cœur n’est plus celle de l’hydrogène, mais celle d’autres éléments, à savoir, par étapes successives, l’hélium, puis le carbone, l’oxygène, etc…, et que leur explosion en supernova est proche.

Deux phénomènes accompagnent cette fusion :

  • leurs températures de surface se situent entre 30 000 et 60 000 degrés Kelvin,
  • leurs vents stellaires très violents, pouvant atteindre des vitesses phénoménales de 1 500 Kilomètres par seconde sont capables d’arracher rapidement et profondément leurs couches périphériques externes.

On estime, qu’au cours de leur dernière étape de vie stellaire, les étoiles WR sont capables de réduire les 2/3 de leur masse initiale avant d’exploser en supernova.
Les gaz arrachés à l’étoile, entraînés par les vents puissants se répandent rapidement autour de l’étoile pour former une sorte de boule de gaz ionisé et de particules chargées qui cherche constamment à grossir.

Mais, dans le cas de NGC 7635, cette boule vient frapper contre l’obstacle de la matière gazeuse environnante, fixe et plus dense du milieu interstellaire. Contenus dans leur expansion, les gaz ionisés de la boule se compriment et forment alors une bulle dont on distingue très bien l’enveloppe sur la photo, celle-ci devenant visible sous l’effet de l’ionisation, par l’étoile centrale, des gaz (hydrogène, oxygène, soufre) qui la constituent. L’asymétrie de la bulle par rapport à l’étoile pourrait provenir des différences de densité de la matière gazeuse environnante.

Son diamètre mesure environ 6-10 années-lumière et sa distance est évaluée à 11 000 années-lumière.

On pourrait résumer l’histoire de cette nébuleuse en disant qu’elle résulte d’une lutte titanesque entre une bulle contre un nuage , d’où son nom [2-5].

La Nébuleuse NGC 7635 est ancrée dans une région d’hydrogène ionisé, ou région HII, qu’on appelle HII Sharpless 162 (en abrégé S162).

Le catalogue Sharpless est une liste de 313 régions HII situées au sud de la déclinaison -27°, établie entre 1953 et 1959 par l’astronome américain Stewart Sharpless.

En astronomie, une région d’hydrogène ionisé est une nébuleuse en émission constituée de nuages principalement composés d’hydrogène ionisé, s’étendant sur plusieurs années-lumière. L’ionisation est produite par la proximité d’une ou plusieurs étoiles très chaudes qui rayonnent fortement dans l’ultraviolet extrême. Plus tard, les explosions en supernova et les forts vents stellaires provoqués par les étoiles excitatrices les plus massives finiront par disperser les particules de gaz restant, laissant derrière elles un amas d’étoiles tel celui des Pléiades [6].

Informations sur l’objet Messier M 52 [7] :

6 NGC 7635 découpéeM52 (ou NGC 7654) est un amas ouvert de magnitude 7.3 qui a été découvert par Charles Messier en 1774. Il contient environ 6 000 étoiles qui appartiennent toutes à la Voie Lactée.

La distance entre M52 et le système solaire n’est pas connue avec précision : les estimations varient entre 3 000 et 7 000 années-lumière, principalement à cause de l’atténuation, difficile à évaluer, que subit la lumière émise par M52 en traversant le milieu interstellaire très dense à cet endroit de la Voie Lactée.

Selon Kharchenko et al. [8] (un astrophysicien actuel, spécialiste des objets de la Voie Lactée), M52 est situé à 4 630 années-lumière de nous, ce qui, compte tenu de son diamètre apparent de 13 minutes d’arc, conduit à un diamètre réel de 22 années-lumière. Son âge est estimé entre 25 et 165 millions d’années.

Informations sur NGC  7538 [9] :

7 NGC 7635 découpéeSituée à environ 9000 années-lumière dans la constellation de Céphée, NGC 7538 est une nébuleuse en réflexion et en émission.  Avec une masse totale de 400 000 Soleils, elle constitue une formidable pépinière de création d’étoiles géantes, en particulier celles qui sont 8 fois plus massives que notre Soleil. Située relativement proche de nous, elle permet aux astronomes d’étudier en détail les processus de création.

Les usines à étoiles telles que NGC 7538 sont principalement composées d’hydrogène gazeux, mais elles contiennent aussi de petites quantités de poussière cosmique. C’est grâce à ces petites poussières qui brillent dans l’infra-rouge que le satellite Herschel a réussi à sonder tous les détails de cette nébuleuse. Il a relevé des centaines de proto-étoiles dispersées dans le riche mélange de gaz et de poussière constituant cette nébuleuse. Elles s’enflammeront quand elles atteindront leur masse critique. Treize de ces proto-étoiles ont des masses supérieures à 40 Soleils. Pour l’instant, elles sont extrêmement froides (- 250°C).

Webographie :

[1] https://en.wikipedia.org/wiki/NGC_7538
[2] http://www.robgendlerastropics.com/NGC7635text.html
[3] https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89toile_Wolf-Rayet
[4] http://www.cidehom.com/apod.php?_date=051107
[5] http://planewave.com/ngc-7635-bubble-nebula-11/
[6] https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9gion_HII
[7] http://astropixels.com/openclusters/M52-01.html
[8] http://inspirehep.net/record/675817?ln=fr ou Astrophysical parameters of Galactic open clusters – Astron. Astrophys. 438 (2005) 1163-1173.
[9] http://www.esa.int/spaceinimages/Images/2014/03/Star_factory_NGC_7538

Rédaction : Michel Vampouille




L’image du mois d’avril 2015 : les Pléiades

PleiadeshrPour le mois d’avril 2015, voici une image que tous les astronomes amateurs connaissent bien : l’amas ouvert des Pléiades, dans la constellation du Taureau, répertorié en mars 1769 par Charles Messier dans son catalogue sous le numéro 45.
Ce magnifique amas, facilement observable depuis notre hémisphère nord durant les mois d’hiver, est connu depuis les temps les plus reculés. Homère (l’Iliade, l’Odyssée), Hésiode, autour de 700 avant notre ère, le signalaient déjà !
Au moins 7 étoiles sont visibles à l’œil nu, nombre pouvant atteindre 9 par conditions moyennes et dépasser la douzaine lorsque le ciel est clair et bien noir. Kepler (1600), en compte jusqu’à 14 !
Les méthodes modernes d’observation ont révélé qu’au moins 500 étoiles, la plupart faibles, appartiennent à l’amas des Pléiades, réparties sur un champ angulaire de 2 degrés, soit quatre fois le diamètre de la Lune. La concentration est donc plutôt faible comparée à celle des autres amas ouverts.
Cette image a été réalisée en février 2015 depuis les environs de Limoges par Michel Vampouille et Francis Petitcoulaud, avec un APN Canon EOS 40 D muni d’un ensemble [téléobjectif Canon 300 mm  + extender x 1.4 produisant une focale de 420 mm et un nombre d’ouverture de 5.6). Le temps de pose global de 30 minutes résulte de l’empilement sous Pixinsight de 40 photos de 45 secondes enregistrées avec une sensibilité de 800 ISO.
Cliquer sur l’image pour l’observer en résolution supérieure.

Un peu de mythologie autour des Pléiades
Dans la mythologie grecque, les Pléiades sont sept sœurs : Alcyone (mag = 2.86), Electre (3.7), Maïa (3,86), Mérope (4.17), Taygète (4.29), Célanoé (ou Sélène, 5.44) et Astérope (étoile double : 5.64 et 6.41), filles du Titan Atlas (3.62) et de l’Océanide Pléione (5,09), d’où le nom “Les 7 Soeurs” donné parfois à cet amas. La position de ces 9 étoiles est repérée sur la photo ci dessous.

PleiadesetoilesannoteesLeur présence dans le ciel est expliquée par plusieurs versions :
– Le guerrier Orion, attiré par leur grande beauté, les pourchassa. Pour les sauver, Zeus les transforma en colombes. A leur mort, elles furent placées dans le ciel pour former l’astérisme des Pléiades. À sa mort, Orion fut aussi représenté dans le ciel, poursuivant les sept sœurs.
– Dans une autre version, elles se suicidèrent après la mort de leurs sœurs : les Hyades.
– Selon une autre, Zeus les aurait changées en colombes pour les soulager de leur chagrin, car elles étaient inconsolables du châtiment de leur père Atlas, condamné par Zeus à porter la voûte céleste sur ses épaules pour toute l’éternité.

Astérisme ou amas ouvert ?
– Les Pléiades forment-elles un astérisme avec des étoiles indépendantes ou un amas ouvert avec des étoiles liées entre elles ? La réponse a nécessité du temps pour apparaître clairement.
En 1767, le Révérend John Michell, physicien, astronome et géologue britannique, utilisa les Pléiades pour calculer la probabilité de trouver, n’importe où dans le ciel, par le hasard des alignements, des étoiles disposées de telle sorte qu’elles formeraient un groupe apparent. Il aboutit à une chance sur 496 000. Une simple observation nocturne lui dévoila que de tels groupes existaient en plus grand nombre que celui obtenu par son calcul. Il en déduisit très justement que les amas qu’on voyait dans le ciel étaient des groupes physiques.
– Charles Messier entra (sans justification) les Pléiades sous le N° 45 dans sa première liste des nébuleuses et amas d’étoiles, publiée en 1771.
– Aux environs de 1846, l’astronome allemand Mädler (installé en Estonie)  remarqua que les étoiles des Pléiades n’ont pas de mouvement propre mesurable les unes par rapport aux autres. Il en conclut hâtivement qu’elles constituaient la partie centrale fixe d’un système stellaire plus vaste, avec l’étoile Alcyone au centre. Cette conclusion fut rejetée par d’autres astronomes dont en particulier Friedrich Georg Wilhelm Struve (Estonie, 1793-1864). Mais le mouvement propre commun aux étoiles des Pléiades prouvaient qu’elles se déplaçaient en groupe dans l’espace. Cette remarque constitua un indice supplémentaire pour les considérer comme un amas physique à faible concentration d’étoiles.

L’amas est situé dans la constellation du Taureau, à proximité de l’axe dessiné par Sirius, le Baudrier d’Orion, et Aldébaran.
En plus d’être un bel objet, c’est aussi un excellent test d’acuité visuelle ! On distingue rapidement 5 étoiles, puis, au fur et à mesure que l’œil s’accommode, d’autres étoiles apparaissent. Ainsi, jusqu’à 10-11 étoiles sont visibles si les conditions météo sont bonnes.
Avec des jumelles, on verra plus d’étoiles qui se détachent comme des diamants dans le fond du ciel. C’est de cette manière que l’amas donnera plus de satisfaction. Avec des lunettes ou des télescopes, seule une partie de l’amas sera visible. Les nuages de gaz bleu entourant les étoiles n’apparaissent qu’en photographie.

Observation des étoiles et des nébulosités
Les nébulosités de couleur bleutée qui commencent à apparaître sur la photo, sont caractéristiques des nébuleuses par réflexion, réfléchissant la lumière des étoiles brillantes situées près d’elles, ou à l’intérieur.
La plus brillante de ces nébuleuses se trouve autour de l’étoile Mérope. Elle a été découverte visuellement en 1859 par Wilhelm Tempel à Venise avec une lunette de 4 pouces (10 cm). John Herschel, dans son New General Catalogue (NGC) paru en 1864, l’inscrit sous le numéro 1435 en la décrivant comme une très faible nébuleuse de la taille de la Pleine Lune (diamètre angulaire de 30′ environ). Elle est aussi connue sous le nom de “Nébuleuse de Mérope” ou de “Tempel’s Nebula”. Sa magnitude apparente se situe autour de 13. L’extension à Maïa a été trouvée en 1875 (NGC1432 ou Nébuleuse de Maïa), et les nébuleuses entourant Alcyone, Electra, Célaéno et Taygète en 1880.

PleiadesNGCICannoteeLa grande complexité des nébuleuses des Pléiades n’a été véritablement révélée qu’avec l’apparition des premiers appareils de photographie astronomique, c’est à dire ceux des frères Henry à Paris et Isaac Roberts en Angleterre, entre 1885 et 1888. En 1890, E.E. Barnard découvrit une concentration d’apparence stellaire de matière nébuleuse très proche de Mérope, qui la fit admettre dans Index Catalogue of Nebulae (ou catalogue IC), publié pour la 1ère fois en 1895, sous la référence IC 349. La nature de nébuleuse par réflexion fut prouvée en 1912 par Vesto M. Slipher qui montra que leur spectre était la copie exacte de celui des étoiles qui les éclairent. IC 349 est contenue dans NGC 1435.
Il a été prouvé que l’ensemble des nébuleuses (appelé parfois “Nébuleuse des Sept Soeurs) n’est pas un reste du nuage de poussières dans laquelle l’amas des etoiles s’est formé. En effet, la nébuleuse et l’amas n’ont pas la même vitesse apparente (leurs deux vitesses radiales diffèrent de 11 km/s), ce qui laisse supposer que la Nébuleuse aurait croisé tout à fait par hasard la route de l’amas d’étoiles (qui elles, ont toutes la même vitesse).

Le spectaculaire amas des Pléiades est surtout connu pour la couleur bleutée de ses étoiles (et de ses nébulosités). Cette couleur indique qu’on est en présence d’étoiles jeunes très chaudes possédant toutes un profil spectral de type B, c’est à dire avec des températures de surface comprises entre 15 et 25 000°K. Bien évidemment, cette couleur se retrouve dans les nébulosités.
Les étoiles les plus brillantes sont en rotation rapide, avec des vitesses de 150 à 300 km/sec à leur surface, ce qui est courant pour des astres de la séquence principale de type B. Cette rotation peut être détectée par les amateurs au moyen de la mesure des raies spectrales d’absorption et d’émission qui sont élargies par effet Doppler (un côté de la surface stellaire s’approche de nous, alors que celle du côté opposé s’en éloigne, relativement à la vitesse radiale moyenne de l’étoile). L’exemple le plus marquant d’une étoile en rotation rapide dans cet amas est Pléione. Ce sera une de nos cibles durant les observations spectroscopiques de l’été prochain.

La distance de l’amas des Pléiades à la Terre pose encore des problèmes. La mesure directe par la méthode de la parallaxe au moyen du satellite Hipparcos a donné 380 années-lumière. Cependant, des mesures ultérieures de parallaxe faites par le télescope spatial Hubble et par les observatoires du Mont Palomar et du Mont Wilson ont finalement placé cet amas à une distance de 440 ± 6 années-lumière. La sonde Gaïa viendra peut-être confirmer l’une ou l’autre de ces valeurs.

Selon les derniers résultats publiés en 1993, l’âge de l’amas des Pléiades serait de 100 millions d’années. Il a été calculé que les Pléiades, en tant qu’amas d’étoiles à faible densité, ont une espérance de vie de seulement 250 autres millions d’années, les forces de gravitation étant insuffisantes pour maintenir leur cohésion ; à ce moment les étoiles se seront éparpillées et suivront leurs orbites comme des astres isolés ou multiples.

La présence de quelques étoiles “Naines Blanches” a été signalée dans les Pléiades. Ces étoiles soulèvent un problème spécifique d’évolution stellaire : comment des Naines Blanches, à qui il faut des milliards d’années pour arriver à ce stade final, peuvent-elles exister dans un amas aussi jeune ? Comme il n’y en a pas qu’une, il est certain qu’elles sont d’authentiques membres de l’amas et non pas des étoiles capturées dans le champ stellaire, par ailleurs très ténu. L’explication retenue semble être que ces étoiles étaient massives à l’origine, de sorte qu’elles ont évolué rapidement. Mais pour une raison quelconque : violents vents stellaires, transfert de masse à de proches voisines, rotation rapide…, elles ont perdu rapidement la plus grande partie de leur masse, sans doute transformée en nébuleuse planétaire. Ce qui reste alors de l’étoile, et qui auparavant était son noyau, est devenu une Naine Blanche stable, état dans lequel on la voit aujourd’hui.
Dans une Naine Blanche, les forces de gravitation sont compensées, non plus par celles provenant de la fusion thermonucléaire (l’étoile ayant épuisé tout son combustible), mais par la pression qu’exercent les électrons qui refusent de se comprimer à l’infini. Le cœur de l’étoile se contracte, les électrons se plaquent les uns contre les autres, mais jusqu’à une certaine limite. Au-delà, ils exercent une pression vers l’extérieur appelée “pression de dégénérescence des électrons”. Celle-ci s’oppose à la gravité et l’effondrement est stoppé. Le cœur effondré devient stable : c’est une naine blanche.

Depuis 1995, de nouvelles observations ont révélé plusieurs étoiles candidates au titre de “Naines Brunes” (telle Teide 1). Ces étoiles possèdent une masse intermédiaire entre celle des planètes géantes (comme Jupiter) et celle de petites étoiles ayant une masse d’au moins 6 à 7% de celle du Soleil, soit 60 à 70 fois celle de Jupiter. En d’autres termes, il s’agit d’un objet insuffisamment massif pour être considéré comme une étoile mais plus massif qu’une planète géante. C’est en quelque sorte une étoile avortée qui se refroidit lentement. La chaleur émise par une naine brune provient uniquement de sa contraction gravitationnelle.
Elles sont classées en différents types spectraux selon leur température de surface qui est comprise entre 2 800°K pour les plus chaudes (type M : naine rouge) et 500°K pour les plus froides (type Y). Elles rayonnent principalement dans le domaine infrarouge.

Observation contemplative des Pléiades :
Comme les Pléiades sont situées à 4 degrés seulement de l’écliptique, leur occultation par la Lune se produit assez souvent : c’est toujours un spectacle captivant, même pour des amateurs chevronnés. A cette occasion, on peut surveiller la nuit où la Lune vient s’inscrire dans le quadrilatère formé par Alcyone, Electra, Mérope et Taygète. Les planètes, comme Vénus, Mars et Mercure, peuvent également se rapprocher, voire traverser l’amas des Pléiades et offrir alors un spectacle de choix…

Webographie :

http://messier.obspm.fr/f/m045.html
http://fr.wikipedia.org/wiki/Pl%C3%A9iades_%28astronomie%29
http://www.jmmasuy.net/grands_noms/noms_1_chandra.html
http://fr.wikipedia.org/wiki/Naine_brune
http://fr.wikipedia.org/wiki/Teide_1

Rédaction : Michel Vampouille




L’image du mois de février 2011 : la galaxie du Feu d’Artifice

Pour le mois de février, retour au ciel profond avec cette photo de Jean Pierre Debet prise en décembre 2010 à Saint Léonard de Noblat (87 400) : la grande et belle galaxie du Feu d’Artifice (NGC 6946) et l’amas ouvert NGC 6936, tous deux situés à la frontière des constellations de Céphée et du Cygne.
Halo lunaireCette image a été obtenue avec une lunette TMB 92/500 autoguidée et équipée d’une caméra ATIK 16 HR. Elle résulte de l’addition sous Iris de 30 poses de 8 minutes pour la luminance et de 62 poses de 3 minutes pour les trois couleurs rouge, vert et bleu, soit un temps de pose global de 7 Heures 46 minutes. Cette durée permet de faire apparaître les bras spiralés de la galaxie qui sont obscurcis par la matière interstellaire de la Voie Lactée.

Découverte par William Herschel en 1798, la galaxie du Feu d’Artifice se situe à une distance de 10 à 20 millions d’années-lumière.  C’est une des plus proches de nous n’appartenant pas au Groupe Local. Avec une magnitude apparente de 8,9 et une extension angulaire de 11 minutes entièrement résolue (voir note [1]) correspondant à un diamètre de 40 000 années-lumière, elle nous apparaît de face avec un noyau central jaunâtre rempli de vieilles étoiles, des bras jaunes-bleutés parsemés d’étoiles jeunes et plusieurs nébuleuses rosées, pépinières d’étoiles en formation. Cette galaxie très active est une cible très prisée des astronomes professionnels : au cours des 100 dernières années, neuf supernovas (explosions d’étoiles massives) y ont été découvertes, la dernière datant de 2008. Par comparaison, le taux moyen d’apparition de supernovas de la Voie Lactée est d’environ 1 par siècle.
Quant à NGC 6936, c’est un amas ouvert “classique” de magnitude apparente 7,8, distant d’environ 2 000 années-lumière, composé d’une centaine d’étoiles couvrant un domaine angulaire de 8 minutes.
Le 25 avril 2010, la comète C/2009 Mc Naught est passée dans la région située entre NGC 6936 et NGC 6946.

La constellation de Céphée mérite quelques développements.
1) D’abord pour sa mythologie. Céphée, roi d’Ethiopie marié à Cassiopée, eut une fille nommée Andromède. Cette dernière prétendant être la plus belle suscita la jalousie des nymphes Néréïdes qui, fort en colère, demandèrent à Neptune de punir la présomptueuse. Celui-ci envoya un monstre marin (la Baleine) pour dévaster les côtes du pays. Les oracles conseillèrent à Cassiopée de sacrifier sa fille Andromède pour apaiser le monstre. Céphée la fit enchaîner sur un rocher en pleine mer et l’abandonna. Mais Persée, chevauchant son cheval ailé Pégase, pétrifia la baleine et libéra Andromède qu’il épousa. Les cinq constellations: Céphée, Cassiopée, Andromède, Persée et Pégase se trouvent rassemblées dans la même portion de ciel. Et sous Andromède se tient la constellation de la Baleine.
2) Ensuite pour sa forme : dans de bonnes conditions de visibilité, on peut facilement reconnaître son allure : un rectangle surmonté d’un triangle dont le sommet pointe en direction de l’étoile polaire, le tout ressemblant à la vision enfantine d’une “maison”.

3) Enfin pour les étoiles particulières qui la composent :
– a Cephei ou Alderamin (= le “bras droit” du roi Céphée), la plus brillante (magnitude : 3.2, distance : 45 années-lumière) située au pied droit de la « maison ». A cause du phénomène de précession des équinoxes, Alderamin sera l’étoile la plus proche du pôle Nord céleste dans 5 500 ans, à moins de 3° d’écart.

– d Cephei, située près de Zeta Cephei, au pied gauche de la « maison » est le prototype des étoiles variables “céphéides” et leur a donné son nom. Elle passe de la magnitude 3,5 à la magnitude 4,3 sur une période très régulière de 5 jours 8 heures 47 minutes et 32 secondes. Grâce à cette propriété, et à sa distance mesurable par la méthode de la parallaxe (982 années-lumière), Henrietta Leavitt (Harvard, 1910-1920) et Harlow Shapley (1916, Harvard) ont pu établir une loi entre la période, la luminosité absolue et la distance d’autres étoiles variables plus éloignées et des galaxies qui les contiennent. Cette loi sert toujours aujourd’hui à mesurer la distance d’autres “céphéides”.

– g Cephei (Errai ou Alrai), la pointe du « toit », se trouve à 13° seulement de l’étoile polaire et indique sa position.

– m Cephei, qu’on appelle aussi l’étoile Grenat (ou Garnett Star) à cause de sa couleur rouge éblouissante qui n’est cependant visible qu’avec un instrument. Située au milieu des fondations de la “maison”, éloignée de 5 260 années-lumière, c’est l’une des plus grandes supergéantes rouges (magnitude 4,2) avec un diamètre de 15 UA (ou 1 420 diamètres solaires). Si elle remplaçait le Soleil, elle s’étendrait à mi-chemin des orbites de Jupiter et de Saturne. C’était l’étoile préférée de William Herschel qui terminait toujours ses observations par un petit détour vers “the Garnett Star”. Par une coïncidence intéressante, c’est l’étoile polaire de Mars.

– x Cephei (Kurhah ou HIP 108917 A et B), presque au croisement des diagonales du rectangle de la “maison”, la plus attractive des étoiles doubles de Céphée, avec une composante A bleue-blanche de magnitude 4,4 séparée de 8 secondes d’arc d’une composante B jaune-rougeâtre de magnitude 6,35.

– VV Cephei (ou HIP 108317),  à 1 degré environ “sous” x Cephei (magnitude  : 5,10 ; distance 8 363 années-lumière) est encore plus grande que μ Cephei, mais moins brillante à l’œil nu, et dépasserait l’orbite de Saturne si on la mettait à la place du Soleil.

Note [1] : avec le logiciel Iris, on dénombre 245 pixels pour le diamètre de la galaxie. Sachant que la taille d’un pixel vaut 6,45 µm, le diamètre réel de la galaxie sur le capteur mesure 6,45 X 245 = 1 580 µm ou 1,58mm. D’après le résultat obtenu dans l’article du mois dernier, l’angle sous lequel la galaxie a été enregistrée vaut : 1,58/500 = 0,00316 radian = (0,00316 X 180)/3,1416 = 0,182° ou 10,86 minutes d’angle, valeur très proche des 11 minutes annoncées.

Pour tout commentaire ou renseignement complémentaire : contact@saplimoges.fr

Rédaction : Michel Vampouille




L’image du mois de septembre 2010 : les Nébuleuses M8 et M20

Au cours des soirées d’observation guidées organisées pour le grand public en juillet/août par notre association, nous avons constaté que les participants deviennent plus curieux, plus demandeurs, plus exigeants…. En particulier, ils s’étonnent que les images observées derrière l’oculaire des instruments (qui leur paraissent pourtant sophistiqués) ne soient pas plus lumineuses, plus colorées, plus étendues…. Bref, qu’elles ne ressemblent pas plus aux superbes photographies qu’ils ont vues à la télévision ou sur des magazines.
Halo lunaireAprès leur avoir expliqué que le facteur important était la quantité de lumière accumulée avant d’observer l’image, nous avons essayé de répondre partiellement à leur demande en leur montrant sur l’écran d’un PC portable des photographies de nébuleuses et de galaxies prises avec eux en cours de séance avec des temps de pose de 150 à 300 secondes. Le résultat étant très probant, nous essaierons de reproduire cette technique à chaque manifestation destinée au grand public.

L’image du mois de septembre : Nébuleuses M8 et M 20 dans le Sagittaire, illustre ce genre de photographie «presque brute avec un minimum de traitement informatique» prise au cours de la Nuit des Étoiles que nous avons animée le 7 août 2010 aux Grands Chézeaux, dans le nord du département de la Haute Vienne.
Cliquez sur l’image pour l’observer avec une résolution supérieure.

La photo  a été réalisée par Christophe Mercier avec un APN Canon EOS 40D, équipé d’un objectif zoom de focale 100/400 mm réglé sur 300 mm, fixé sur une monture Vixen GPD 2 assurant le suivi. Pour obtenir un maximum de lumière, et donc un maximum de couleurs et de détails, Christophe a travaillé à la limite des possibilités avec une sensibilité de 1600 ISO, des temps de pose compris 150 à 300 secondes et une ouverture presque maximum (F/8) assurant cependant un piqué convenable.

Un peu de « grain », des étoiles pas toujours très rondes, mais les formes et les couleurs des deux nébuleuses apparaissent nettement.

En bas de l’image, on observe la Nébuleuse de la Lagune (ou Messier 8) qui est un immense nuage d’hydrogène gazeux (zones rouges) et de poussières (zones noires) éclairé par une étoile supergéante bleue, l’étoile 9 du Sagittaire qu’on distingue sans difficulté comme la plus brillante presque au milieu du lobe droit de la nébuleuse. Cette étoile est de type O (assez rare), ce qui signifie que sa température de surface dépasse les 25 000 degrés. Sur l’image du mois de juin 2010, nous n’avons pas réussi à observer ce type d’étoile. Aussi, avec sa magnitude voisine de 6, elle constituera une future cible d’analyse spectrale lors des prochaines sorties du printemps 2011.
Comme de nombreuses nébuleuses diffuses, M 20 contient un bel amas ouvert nommé NGC 6530 bien visible sur la photo. Issu de la nébuleuse, il contient une grande quantité d’étoiles très jeunes et très chaudes de type O (notamment HP 88581, magnitude : 6.85, autre cible intéressante) et B (température de surface : entre 10 000 et 20 000°) âgées de seulement 2 millions d’années

La taille de la nébuleuse est d’environ 100 années-lumière et sa distance tourne autour de 5 000 années lumière ce qui lui donne un diamètre angulaire apparent de 1,15°, supérieur à deux fois celui de la pleine Lune. Dans un prochain article, nous indiquerons comment calculer les diamètres angulaires apparents sur les images. Ainsi, nous pourrons mieux appréhender l’importance de la zone photographiée par rapport à l’étendue réelle de la nébuleuse.

En haut de l’image, on voit la nébuleuse Messier 20, ou NGC 6514, ou Nébuleuse Trifide (ou du Trèfle ou encore Trilobée). En fait, c’est une nébuleuse en émission traversée par une nébuleuse obscure en forme de doigts qui lui donnent son aspect caractéristique de fleur rouge (hydrogène gazeux) à trois pétales séparés par des filaments sombres. Comme pour M8, la zone rouge est illuminée par une étoile centrale très chaude de type O (accessible à la mesure). Au nord, une étoile bleue relativement brillante illumine un halo diffus de même couleur (visible sur la photo) révélant la présence d’une partie de la nébuleuse par réflexion qui entoure l’ensemble.
Le diamètre angulaire apparent de M 20 est de l’ordre d’une pleine Lune (28’ d’arc) et sa distance quasi-identique à celle de M 8, soit  5 000 années-lumière.
Quand on observe dans la direction de M 20, on regarde vers le bulbe central de notre galaxie situé approximativement à 25 000 années-lumière de nous… Il nous est rendu invisible par de grandes quantités de poussières absorbant le rayonnement visible.

Comme on peut le constater, la quantité d’informations que l’on peut extraire de cette image prise en une seule pose est énorme par rapport à la même image observée visuellement derrière l’oculaire.

Bibliographie :
http://fr.wikipedia.org/wiki/N%C3%A9buleuse_de_la_Lagune
http://fr.wikipedia.org/wiki/N%C3%A9buleuse_Trifide

Rédaction : Michel Vampouille