L’image du mois de janvier 2023 : La Nébuleuse du Cœur ou IC 1805

Pour le premier mois de l’année 2023, nous partons dans le ciel profond avec trois versions de la Nébuleuse du Cœur ou IC 1805. Deux sont anciennes, puisque publiées en Avril 2022 et Mai 2011, la troisième est nouvelle. Réalisée en vraies couleurs par Michaël Belleville le 13 septembre 2022, l’image ci-dessous a été obtenue avec un APN Canon EOS 6D défiltré partiellement, réglé à 1600 ISO, monté sur une lunette Skywatcher 80ED (focale = 600 mm) autoguidée et équipée d’un filtre Optolong L-Pro. Le temps de pose global de 3 Heures résulte de l’accumulation de 36 poses de 5 minutes. Le traitement numérique a été mené avec les logiciels Siril, Lightroom, Photoshop, PHD Guiding2, et Starnet V2.
Cliquer sur l’image pour la voir en plein format non recadré..La deuxième a été réalisée en fausses couleurs les 5 et 6 septembre 2021 selon la technique SHO par Julien Denis avec une lunette Redcat 51 William Optics (f = 250 mm, F/D = 4,9) autoguidée, munie d’une caméra ASI1600 MM refroidie à -10°C et des 3 filtres à bande spectrale étroite S, H et O.
Le temps de pose global est de 12 Heures, décomposé comme suit :
– 3 h (12 x 10 mn) avec le filtre H alpha,
– 3 h (12 x 10 mn) avec le filtre OIII,
– 3 h (12 x 10 mn) avec le filtre SII.
Le pré-traitement a été réalisé avec Siril et le post-traitement SHO selon la palette Hubble” avec Pixinsight.

Cliquer sur l’image pour la voir en plein format non recadré.
Quant à la troisième, elle est plus ancienne, car prise en février 2011, en couleur unique (H alpha à 656 nm) par Christophe Mercier avec une lunette Takahashi FSQ 85-EDX munie d’un filtre Halpha (bande passante 13 nm) et d’un réducteur X 0.73 donnant une focale résultante de 328 mm et une ouverture de F/3,86. Le temps de pose global, de 11Heures 05minutes est obtenu par cumul sous Iris de 133 enregistrements de 5 minutes avec un APN Canon EOS 40D réglé sur 800 ISO.

Cliquer sur l’image pour la voir en plein format non recadré.Comparaison des trois versions :
On voit sur cet exemple que la restitution d’une nébuleuse peut se faire sous de multiples versions, selon qu’on recherche la fidélité, l’esthétique ou la précision scientifique.

La première photo, enregistrée avec un capteur trichrome défiltré d’APN (récupération du rayonnement infrarouge Halpha) et un filtre Optolong L-Pro (atténuation de la pollution parasite), est censée être en vraies couleurs, mais ce n’est pas le cas puisque les nuages d’Hydrogène ionisé et de poussière sombre entourant la nébuleuse sont traduits en cuivre orangé au lieu d’un rouge caractéristique à 656 nm. Cette couleur est due à l’ionisation de l’hydrogène par une  poignée de brillantes étoiles 50 fois plus massives  que notre Soleil, situé près du centre de la nébuleuse : l’amas ouvert Melotte 15. Un examen sur Internet des images de IC 1805 révèle que toutes les photos prises avec le filtre Optolong L-Pro présentent cette dominante cuivre orangé !

La deuxième version, enregistrée et restituée selon la technique SHO, possède une dominante bleue, caractéristique de cette technique. La “palette normalisée Hubble”, développée par la NASA, est utilisée dans le monde entier pour étudier scientifiquement la structure et la nature des différents gaz présents dans les nuages des nébuleuses.

Quant à la troisième image, enregistrée et restituée en monochrome Halpha dans le rouge à 656 nm, elle est censée donner le maximum de détails, de nuances et de contrastes dans les nuages gazeux de la nébuleuse. Elle sert d’image de luminance (L) pour une restitution trichrome en LRVB. Sans l’utilisation du filtre Halpha, la nébuleuse resterait peu visible et serait obstruée par l’importante quantité d’étoiles qui la compose. En comparant cette version aux deux précédentes, on remarque que celles-ci comportent un plus grand nombre d’étoiles. Elles ont été enregistrées avec les filtres S (Soufre II) et O (Oxygène III) pour la deuxième, et les filtres R(Rouge), V(Vert), et B(Bleu) de la matrice de Bayer du capteur de l’APN pour la première.

Caractéristiques astronomiques de la Nébuleuse du Cœur :
S’étendant dans le ciel sur près de 200 années-lumière, IC 1805 est une nébuleuse en émission de composition classique. Elle renferme de l’hydrogène gazeux brillant, ionisé par le rayonnement d’étoiles centrales (amas ouvert Melotte 15), et d’obscurs nuages de poussière plus sombres, visibles par contraste lorsqu’ils se trouvent en avant-plan des zones ionisées.
Contrairement à l’amas ouvert bien lumineux de magnitude 6,5, la nébuleuse IC 1805, avec ses nuages d’hydrogène et de poussières, brille beaucoup moins, de sorte qu’elle est très peu visible dans un télescope, même de grande dimension. Des poses longues de plusieurs heures sont nécessaires pour la restituer dans toute sa splendeur.
Située dans un triangle fermé par les constellations de Persée, de la Girafe et de Cassiopée, elle se trouve à environ 7 500 années-lumière, soit 5 fois plus éloignée que la Nébuleuse d’Orion M42. S’étendant dans le ciel sur près de 200 années-lumière, elle n’en présente pas moins des dimensions apparentes conséquentes : 150′ X 150′, soit 5 fois celles de la Pleine Lune. Un objectif de courte focale est indispensable pour la restituer dans sa globalité.
Du fait de son apparence très caractéristique, surtout après une rotation d’un quart de tour dans le sens horaire, elle a été surnommée la ”Nébuleuse du Cœur”.
Elle constitue une cible idéale pour les astro-photographes amateurs débutants ou confirmés qui souhaitent s’initier aux différentes techniques d’enregistrement, ou les affiner …




L’image du mois d’avril 2022 : la Nébuleuse du Cœur ou IC 1805

Pour le mois d’avril 2022, nous nous rendons dans la constellation de Cassiopée avec cette image en technique SHO de la Nébuleuse du Cœur, aussi répertoriée sous le numéro 1805 dans l’Index Catalogue (IC). Ce catalogue, compilé par John Dreyer fut publié pour la première fois en 1895 comme deux annexes au New General Catalogue (NGC). Il contient les galaxies, amas d’étoiles et nébuleuses découvertes entre 1888 et 1907.

Nébuleuse du CoeurEn cliquant sur l’image, vous situerez l’endroit où se situe une nébuleuse planétaire en train d’émerger.

Cette photo a été prise les 5 et 6 septembre 2021 par Julien Denis en milieu urbain à Limoges avec une lunette  Redcat 51 William Optics (f = 250 mm, F/D = 4,9) autoguidée, munie d’une caméra ASI1600 mm refroidie à -10°C et des 3 filtres à bande spectrale étroite S, H et O.
Le temps de pose global est de 12 H, décomposé en :
– 3 h (12 x 10 mn) avec le filtre H alpha,
– 3h (12 x 10 mn) avec le filtre OIII,
– 3h (12 x 10 mn) avec le filtre SII.
Le pré-traitement a été réalisé avec Siril et le post-traitement SHO avec Pixinsight.

La nébuleuse du Cœur est l’une des « stars » du ciel d’automne située dans un triangle fermé par les constellations de Persée, de la Girafe et de Cassiopée.

De par ses dimensions, la richesse de sa structure, ses (fausses) couleurs subtiles et sa silhouette globale se prêtant à la visualisation de formes connues, elle constitue une cible incontournable pour les astro-photographes amateurs ! Sa magnitude apparente, de l’ordre de 6, permet de l’observer à l’oculaire. Mais des poses longues de plusieurs heures la restituent dans toute sa splendeur.
Située à environ 7 500 années-lumière, soit 5 fois plus éloignée que la Nébuleuse d’Orion M42, elle n’en présente pas moins des dimensions apparentes conséquentes : 150′ X 150′, soit 5 fois celle de la Pleine Lune.
S’étendant dans le ciel sur près de 200 années-lumière, IC 1805 est une nébuleuse en émission de composition classique. Elle renferme de l’hydrogène gazeux brillant, ionisé par le rayonnement d’étoiles centrales (de luminosité jusqu’à 3 millions de fois celle du Soleil) formant l’amas ouvert nommé Melotte 15, et d’obscurs nuages de poussière plus sombres, visibles par contraste lorsqu’ils se trouvent en avant-plan des zones ionisées.
Du fait de son apparence très caractéristique, surtout après une rotation d’un quart de tour dans le sens horaire, elle a été surnommée la ”Nébuleuse du Cœur”.

En examinant soigneusement sa photo, Julien a été attiré par un étrange artefact bleu situé en périphérie de la Nébuleuse IC 1805. Cette zone est repérée par un cercle vert sur la photo obtenue en cliquant sur celle de départ, et visualisée sur l’agrandissement ci-dessous :
Après une recherche avec Aladin, il apparaît qu’il s’agit de Webo-1, une nébuleuse planétaire en train d’émerger. Elle se distingue par un disque bleu de forme ovale (bien visible au centre de l’agrandissement) composé de gaz incandescent, apparemment regroupé, autour d’un système d’étoiles binaires.
Webo-1, situé environ à 5400 années-lumière, n’a été découverte qu’en 1995 par R. Webbink et H. Bond, leur article en anglais est repéré ici.
Il y a peu de photos sur Internet de cet objet ; en tout cas, assez peu de vues détaillées, la plus belle que j’ai trouvée étant celle-ci, et la plus documentée ici.

Webographie :
https://millenniumphoton.com/portfolios/ic1805-nebuleuse-coeur/
https://fr.wikipedia.org/wiki/IC_1805
http://outters.fr/wp/?p=4912




L’image du mois de juillet 2021 : IC 1396 en vraies et fausses couleurs

Pour le mois de juillet 2021, mois de vacances déconfinées sans couvre-feu, Fernanda et moi ne résistons pas au plaisir de vous présenter à nouveau la nébuleuse de la Trompe de l’Éléphant (ou IC 1396), mais cette fois en vraies et fausses couleurs.
Les trois photos qui suivent ont toutes été réalisées par Julien Denis dans les mêmes conditions et avec le même matériel que le mois dernier, mais cette fois, il a pris soin d’enregistrer la même vue de la nébuleuse à travers divers filtres colorés.

La première image, de type LRVB résulte de l’association de 4 enregistrements :
Cliquer sur l’image pour l’observer en résolution supérieure.
Un de 18 X 10 minutes (3 H), à travers un filtre Halpha qui ne laisse passer que le rayonnement lumineux contenu dans une bande spectrale étroite autour de 656 nm de longueur d’onde. Ce filtre est utilisé pour différencier les nuages d’hydrogène ionisé contenus dans la nébuleuse qui ressortent plus contrastés sur un fond de ciel assombri. Cet enregistrement joue le rôle de la couche “luminance”.
Les trois suivants, de 6 X 2 Minutes, sont réalisés successivement à travers des filtres colorés : Rouge, Vert et Bleu. L’association de ces trois couches colorées avec la couche luminance précédente reconstitue l’image photographiée en vraies couleurs. Elle correspond à un temps d’exposition de 3H36 minutes.
La dominante rouge révèle la prépondérance des nuages d’hydrogène ionisé dans IC 1396. Seules les étoiles prennent des couleurs autres que le rouge.
Répartis dans tout le volume de la nébuleuse, on voit distinctement des nuages sombres dessinant des formes filamenteuses dont la plupart ressemblent à des “piliers”. Ce sont des poches de poussières et de gaz froid relativement dense, principalement de l’hydrogène sous forme moléculaire (H2), opaques à la lumière visible en provenance de la nébuleuse qui se trouve derrière. Ces nuages, dénommés “nébuleuses obscures” (par absorption), sont répertoriés avec le sigle “BXXX” dans le catalogue “Barnard” des 349 objets sombres dans le ciel.”. Plusieurs millions de fois plus massifs que notre Soleil, ils contiennent le matériau brut à partir duquel vont se former les étoiles et les proto-étoiles, que nous ne pouvons observer que dans les domaines infrarouge et micro-ondes, insensibles aux poussières et aux gaz froids.
La plus spectaculaire et la plus connue, compte tenu de sa forme, est la Nébuleuse de la Trompe d’Éléphant” ou IC 1396A, située  à la verticale de l’étoile la plus brillante au centre en haut de l’image. D’une longueur de 20 années-lumière, elle est du même type que la célèbre “Tête de Cheval” dans Orion. Grâce à l’imagerie infrarouge, on sait qu’elle contient de nombreuses étoiles très jeunes de moins de 100 000 ans.
Le traitement numérique des ces 4 images a été effectué avec les logiciels Siril et Gimp.

La deuxième image, de type SHO, provient de l’assemblage de 3 enregistrements pris à travers 3 filtres interférentiels à bande spectrale étroite centrés sur les longueurs d’ondes suivantes :
– 501 nm (vert) pour le Soufre ionisé, noté S, temps de pose : 28 X 10 minutes = 4H 40 minutes,
– 656 nm (rouge foncé) pour l’Hydrogène ionisé, noté H, temps de pose : 12 X 10 minutes = 2 H,
– 670 nm (rouge encore plus foncé, presque invisible à l’œil) ) pour l’Oxygène ionisé, noté O, temps de pose : 12 X 10 minutes = 2 H,
soit un temps de pose cumulé de 8H 40 minutes.
La ré-assemblage numérique de ces trois couches peut se faire de multiples façons, puisqu’il s’agit d’attribuer les trois couleurs fondamentales : Rouge, Vert, Bleu, à chacune des trois couches, ou à une combinaison savante de fractions d’entre elles.

Cliquer sur l’image pour l’observer en résolution supérieure.
L’image présentée ici a été réalisée avec la “palette Hubble” qui a été développée par la NASA afin de différencier au mieux la nature des gaz présents dans les nébuleuses. C’est la palette la plus employée. Elle est réalisée avec les attributions suivantes :
Le soufre (S) est représenté en rouge (R).
L’hydrogène (H) est représenté en vert (V).
L’oxygène (O) est représenté en bleu (B).
L’image obtenue est alors dite en « fausses couleurs » car l’Hydrogène excité émet majoritairement du rouge, et non du vert, ainsi que l’Oxygène excité émettant du vert et non du bleu. Le résultat de cette inversion de couleurs débouche sur une image multicolore, souvent dotée de couleurs cuivrées caractéristiques des photos Hubble.
Le traitement numérique a été effectué par Julien avec les logiciels Siril et Gimp.
Cette image présente une dominante bleue, très esthétique, correspondant à une prépondérance de nuages d’Oxygène. Les teintes cuivrées apparaissent nettement dans la Trompe. Quant aux étoiles, elles sont nombreuses et majoritairement blanches ; quelques unes, les plus brillantes, tirent sur le violet. Les nuages opaques, bien dessinés, masquent la lumière des étoiles qui sont à l’arrière.

Enfin, la troisième image, toujours de type SHO, est une reprise par Jean Pierre Debet du traitement numérique de l’image SHO de Julien avec des process du logiciel Pixinsight et Photoshop.

Cliquer sur l’image pour l’observer en résolution supérieure.
L’image apparaît plus contrastée et plus saturée que la précédente, au prix d’une perte de brillance des étoiles les plus  faibles, aboutissant à une réduction de leur nombre. La couleur violette des étoiles les plus brillantes est disparue. La couleur cuivrée de la Trompe semble plus profonde et plus finement nuancée.  L’impression de relief 3D se perçoit mieux, grâce aux volutes opaques finement ciselées.

Les informations astronomiques sur cette nébuleuse ont déjà été publiées : ici, en septembre 2014 et là, en décembre 2016. Nous renvoyons le lecteur intéressé à ces deux articles




L’image du mois de juin 2021 : IC 1396, la Nébuleuse de la Trompe de l’Eléphant

Ce mois-ci, nous restons dans le ciel profond avec une image en N&B : IC 1396 ou la Nébuleuse de la Trompe de l’Éléphant : une grande nébuleuse en émission qui fait 3 à 5 fois le diamètre de la pleine Lune, dans la constellation de Céphée. L’image présentée sélectionne la partie centrée autour de la Trompe. Elle a été réalisée le 10 septembre 2020 par Julien Denis en milieu urbain avec une lunette Sky Watcher Esprit 100 ED, fixée sur une monture Sky Watcher EQ-6 R Pro, équipée d’une caméra monochrome ASI1600 MM pro et de sa roue à filtres positionnée sur le filtre rouge Halpha à bande spectrale étroite (6 nm) autour de la longueur d’onde 656 nm.
Le temps de pose  cumulé est de 2H10 minutes, soit 13 poses unitaires de 10 minutes. Le traitement numérique a été conduit avec les logiciels Siril et Gimp.

Cliquer sur l’image pour l’observer en résolution supérieure.

Pour les informations relatives à cette nébuleuse, nous renvoyons le lecteur vers les articles de :
septembre 2014, où IC 1396 a été enregistrée par Christophe Mercier, selon la technique des filtres S, H, O, et restituée en fausses couleurs avec une dominante bleue,
– décembre 2016, où la nébuleuse a été photographiée par Jean Pierre Debet selon la même technique des filtres S, H, O, mais restituée en vraies couleurs avec l’Hydrogène sous sa couleur rouge.

Beaucoup d’informations astronomiques ont été rapportées dans ces deux articles : nous ne les reprenons pas ici.

 

 




L’image du mois de Janvier 2021 : la Nébuleuse de la Bulle

Pour le mois de janvier 2021, nous restons dans le ciel profond avec une nouvelle image  la Nébuleuse de la Bulle, alias M52 et NGC 7635. Elle a été enregistrée par Julien Denis fin novembre 2020 depuis son domicile à Limoges au moyen d’une caméra ASI1600 MM à -20°C placée en aval d’une lunette  Sky Watcher Esprit 100ED montée sur une  monture EQ-6 R Pro autoguidée. Pour la 1ère fois, Julien travaillait avec des filtres SHO selon les temps de pose et protocoles suivants :
Halpha : 39 X 10 mn = 6H30 => couleur Verte,
SII : 28 X 10 mn = 4H 40 => couleur Rouge,
OIII : 28 X 10 mn = 4H40 => couleur Bleue,
soit un temps de pose cumulé de 15H50.
Cliquer sur l’image pour l’observer en grand format.

Le pré-traitement et le compositage SHO en fausses couleurs de l’image ont été réalisés avec le logiciel Siril, l’ajout de Halpha pour la luminance avec Gimp, et le traitement cosmétique avec Gimp et Darktable.
Comme pour l’image de cet objet déjà réalisée selon la technique RVB en septembre 2020, la bulle apparaît en bleu, bien au centre de la nébuleuse.
Les informations sur NGC 7635 ont déjà été publiées en décembre 2015. Nous n’en ajouterons pas ici.




L’image du mois de décembre 2011 : la Nébuleuse de l’Haltère ou Dumbbell

Pour ce mois de décembre 2011, incursion dans le ciel profond avec cette belle image “en fausses couleurs” de la Nébuleuse de l’Haltère (ou Dumbbell = haltère en anglais, ou Messier 27) réalisée conjointement par Jean Pierre Debet pour la prise de vue et Christophe Mercier pour le traitement numérique. Elle a été enregistrée en novembre 2011 à Saint Léonard de Noblat (87400) avec une caméra Atik 16 HR placée au foyer d’un télescope Célestron 9 autoguidé et muni d’un réducteur ramenant la distance focale à 1567 mm et l’ouverture à F/6,3.
Cliquer sur l’image pour l’obtenir en haute résolution.
M27hrTechnique de prise de vue et de traitement numérique :
La technique en fausses couleurs employée ici est dénommée  “technique SHO”, pour les initiales du Soufre, de l’Hydrogène et de l’Oxygène.
Décrite pour la 1ère fois dans cette rubrique, elle mérite quelques explications : trois filtres particuliers sont utilisés pour réaliser trois séries d’images qui viendront remplir les couches des trois couleurs de base qui sont habituellement le rouge, le vert et le bleu. On dit que cette technique donne des images en fausses couleurs parce qu’ici, deux des filtres transmettent des bandes colorées dans l’infra-rouge non visible à l’œil nu…. Sur l’image finale, elles sont traduites par des couleurs visibles à l’œil choisies arbitrairement par l’opérateur.
– Une 1ère série d’images a été obtenue avec 10 poses de 10 minutes à travers un 1er filtre nommé “SII” (ou Soufre 2 pour Soufre ionisé 1 fois) qui laisse passer une bande colorée étroite de 13 nm centrée autour de la longueur d’onde de 672 mm (infra-rouge non visible à l’œil). Leur cumul conduit à l’image notée “SII” du montage photographique (cliquable) ci-dessous :
M27hr– Une 2ème série d’images est constituée de 13 poses de 10 minutes prises à travers un 2ème filtre appelé “Halpha” (raie alpha de la série de Balmer de l’Hydrogène) qui transmet une bande colorée étroite 13 nm autour de la longueur d’onde de 656 nm peu visible à l’œil. Cette série conduit à l’image notée “HA”.
– Quant à la 3ème, elle contient 15 poses de 10 minutes à travers un 3ème filtre appelé OIII (Oxygène 3 pour Oxygène ionisé 2 fois) transparent dans une bande de 8 nm autour de la longueur d’onde 501 nm correspondant au bleu-vert. Les 15 poses cumulées donnent l’image “OIII”.
Ces trois séries de photos conduisent à un temps de pose global de 380 minutes, soit 6 heures et 20 minutes (réparties sur 2 nuits).
Le traitement numérique de ces images réalisé par Christophe Mercier, fait appel au logiciel Iris pour l’empilement des 3 séries d’images selon la méthode “LRVB” (Luminance, Rouge, Vert, Bleu) , puis à Photoshop pour le rendu colorimétrique.

L’image finale n’a pas été obtenue par le traitement “SHO classique” avec les images Soufre (SII) pour la couche rouge, les images Hydrogène (Ha) pour la couche verte et les images Oxygène (OIII) pour la couche bleue. Cette combinaison donne une dominante verdâtre jugée peu esthétique par de nombreux amateurs. La combinaison choisie par Christophe est la suivante : couche rouge  = 50% Halpha + 50% SII ; couche verte = 75% OIII + 25% SII ; couche bleue = 85% OIII + 15% Halpha ; couche luminance = 100% Halpha. Elle donne une nébuleuse et des extensions caractérisées par une dominante bleue (image finale en bas à droite).

Caractéristiques physiques de Dumbbell :
Cette nébuleuse planétaire est la première à être découverte par l’astronome français Charles Messier le 12 juillet 1764. Son nom “Dumb-bell”, mot anglais signifiant “haltère”, lui a été donné en 1828 par l’astronome britannique John Herschel qui la comparait à “un boulet à deux têtes”. Il faudra attendre 1866 pour que la présence de gaz ionisé soit révélée par l’astronome britannique William Huggins au moyen d’un spectroscope.
Comme toute nébuleuse planétaire, M 27 est constituée d’un nuage de gaz entourant un noyau d’étoile : une “naine blanche” située en son centre. Elle résulte de l’expulsion de la matière des couches externes de l’étoile, à l’occasion de la mort de cette dernière. La température superficielle de l’étoile centrale atteint 85 000° K. Cette température est l’une des plus importantes connues à ce jour, mais reste normale pour une naine blanche.

Quand une petite étoile (moins de huit masses solaires) a fini de consommer tout son hydrogène, puis son hélium, son cœur s’effondre pour former une naine blanche, tandis que les couches externes sont expulsées sous forme de gaz par la pression de radiation.
Celles-ci forment alors un nuage de matière qui s’étend à grande vitesse et qui s’ionise sous l’action des photons ultraviolets émis par l’étoile centrale. Le nuage de gaz est très lumineux (sa magnitude apparente est ici de 7,4), car la grande quantité d’énergie apportée par les photons UV de la naine blanche (que l’on distingue nettement sur la photo en haute résolution malgré une magnitude apparente de 13,5) est réémise sous forme de rayonnements lumineux visibles et infrarouges.
Dans la plupart des nébuleuses, la majeure partie de cette lumière visible se situe dans le vert à la longueur d’onde 501 nm, celle qui correspond à la raie d’émission de l’Oxygène ionisé deux fois, et qu’on choisit justement comme longueur d’onde centrale de la bande transmission du filtre OIII. C’est aussi pour cette raison que les nébuleuses présentent souvent une dominante verte sur les photos “classiques” prises sans aucun filtre.

Comme on le constate, les nébuleuses planétaires n’ont en fait aucun rapport avec les planètes. L’adjectif “planétaire” a une origine purement historique. Observées en basse résolution, les nébuleuses sont apparues aux premiers astronomes comme des disques d’aspect “nébuleux” ressemblant quelque peu aux planètes. En raison de cette ressemblance, ils leur ont attribué ce qualificatif. Malgré son inexactitude, il est ensuite resté dans l’usage courant.

La nébuleuse Dumbbell est située à environ 1 200 années-lumière de nous dans la constellation du Petit Renard, constellation d’été entre le Cygne et la Flèche. Elle est facile à trouver quand on sait que son ascension droite (19h 59min 36 sec) coïncide avec celle de l’étoile rouge g de la pointe de la Flèche. Il suffit alors de pointer sur cette étoile et de remonter légèrement en déclinaison (+22° 43′ 16,1”) pour voir apparaître la nébuleuse M 27 dans le champ de l’oculaire. Ses dimensions angulaires apparentes sont de 8 X 5 secondes d’arc.

Bonnes observations.

Webographie :
http://www.astropolis.fr/catalogue-Messier/articles/M27/astronomie-messier-M27.html
http://fr.wikipedia.org/wiki/N%C3%A9buleuse_de_l%27Halt%C3%A8re