L’alignement Mercure, Vénus, Jupiter du 24 août 2025
Mercure est la planète la plus proche du Soleil, mais ce n’est pas la plus excitante : elle est petite, figée depuis longtemps, sans atmosphère, sans lune, et pourtant, elle représente un beau défi pour les astronomes, amateurs ou professionnels, les planétologues, et les constructeurs de fusée qui tentent de l’approcher.
Mercure ne se laisse pas facilement observer, rasant le Soleil et se cachant dans son éclat, ne se laisse pas facilement comprendre, sa forte densité, son champ magnétique et son orbite excentrique laissent perplexe, et ne se laisse approcher par un vaisseau spatial qu’au prix de coûteuses assistances gravitationnelles.
Seules deux sondes ont approché Mercure jusqu’à maintenant : Mariner 10, en 1975, qui a réalisé de courtes visites avec des instruments rudimentaires, et Messenger, qui a réussi à se mettre en orbite en 2011 après de nombreuses assistances gravitationnelles pour infléchir sa direction et ralentir sa vitesse. Cette mission a réalisé une étude détaillée de sa topographie, son histoire géologique, son champ magnétique et son exosphère.
Il faudra attendre 2026 pour que la sonde sino-européenne « Bepi Colombo », partie de la Terre en 2018, atteigne la planète Mercure après trois assistances – 1 avec la Terre, 2 avec Vénus – pour ajuster sa direction vers le Soleil, et six avec elle-même pour ralentir sa vitesse.
Orbite de Mercure :
Connue depuis l’Antiquité, son orbite s’écarte fortement d’un cercle centré sur le Soleil. Elle est décrite comme la plus perturbée et la plus excentrique du Système Solaire. C’est une ellipse aplatie dont l’aphélie (zone la plus éloignée du Soleil) se trouve à 70 millions de km (0,47 ua), alors que le périhélie (zone la plus proche) s’en approche à 46 millions de km (0,31 ua).
La planète décrit son orbite en 88 jours terrestres (année mercurienne).
Toujours proche du Soleil et noyée dans son éclat, Mercure ne peut être observée depuis la Terre que lorsqu’elle s’en éloigne franchement. On peut alors l’apercevoir à l’ouest après le coucher du Soleil, durant une petite heure avant que la planète ne plonge à son tour sous l’horizon ouest, ou bien dans les lueurs de l’aube avant que le Soleil ne se lève à l’est et l’efface du ciel. En aucun cas, son élongation ne peut dépasser 28,3°.
Magnitude de Mercure :
Mercure étant une planète « intérieure », la géométrie de son illumination par le Soleil présente des phases analogues à celles de la Lune.
Lorsqu’elle passe au plus près près de la Terre, seul un petit croissant nous apparaît éclairé. Lorsqu’elle s’éloigne, une plus grande proportion de sa surface est illuminée, mais son diamètre apparent diminue alors de 13 à 5 secondes d’arc.
Son albédo (pouvoir réflecteur) n’est que de 0.09, soit 8.5 fois plus faible que celui de Vénus qui vaut 0.77.
Observation de Mercure :
Toutes les propriétés énoncées plus haut font que la planète Mercure n’est observable depuis la Terre qu’un mois sur deux, durant les quelques nuits où elle se trouve le plus à l’est (visible le soir) ou le plus à l’ouest (le matin). Dans les deux cas, la période favorable à son observation ne dépasse jamais une heure.
Quand on parvient à la voir à l’œil nu, elle apparaît comme une tache claire de 4,5 à 13 secondes d’arc, avec une magnitude apparente de 5,7 à −2,3 (magnitude de Vénus = 0), mais son éclat sera presque toujours noyé dans les lueurs du crépuscule. On peut alors la repérer à l’œil nu et la photographier avec un APN ou un smartphone. On distinguera un point légèrement brillant sur un fond plus ou moins blanc jaune !!!! Dans la grande majorité des cas, son contraste sera faible !

C’est cet instant que mon petit fils Nicolas (16 ans) et moi avons réussi à enregistrer avec un smartphone, le 24 août 2025 à 6H10 du matin à La Tranche sur Mer. La plage d’observation s’étendait de 5H50 à 6H15. Mercure était à 4,5° au-dessus de l’horizon. Nous avons persévéré durant quatre matins consécutifs, mais il n’y en a eu qu’un seul où mon petit fils a réussi à obtenir quelques images correctes…. Je dois signaler que l’alignement de Mercure avec Vénus et Jupiter nous a bien aidés à la localiser. Vénus était à 19° au-dessus de l’horizon et Jupiter à 30°.
L’image ci-dessus est la photo brute donnée par le smartphone. Mercure se distingue à peine en prolongeant la ligne Jupiter/Vénus vers le bas : elle est au milieu d’un petit nuage magenta. Elle était identifiable à l’œil nu et mieux aux jumelles. Une première pour moi et mon petit fils.
En assombrissant ce petit nuage, Mercure apparaît alors nettement. Défi relevé !
La prochaine opportunité est relevée par Fernanda dans les éphémérides d’octobre 2025, le 23 après le coucher du Soleil. Pour distinguer la phase de Mercure et de vagues plages sombres à sa surface, il faudra observer avec un instrument d’au moins 150 mm de diamètre. La Lune sera présente à proximité avec un jeune croissant illuminé à 4% : autre défi !
Bibliographie :
Dernières nouvelles des planètes – Charles Frankel – Collection : Science ouverte – Éditions du Seuil.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Mercure_(plan%C3%A8te))
https://cnes.fr/projets/bepicolombo
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