L’image du mois de décembre 2024 : la nébuleuse Oméga ou M17

Pour ce mois de décembre 2024, nous replongeons dans le ciel profond avec cette image de la Nébuleuse M17 (NGC 6618) dans la constellation du Sagittaire, aussi appelée Nébuleuse Oméga, ou du Fer à Cheval ou encore du Cygne.

Origine du nom de la nébuleuse :
Cette nébuleuse a été découverte par l’astronome suisse Jean Philippe Loys de Cheseaux en 1745 , mais celle-ci a été peu diffusée dans le petit monde de l’astronomie de l’époque. Charles Messier l’a redécouverte indépendamment en juin 1764  et l’a inscrite au numéro 17 dans son catalogue, d’où son nom « officiel » aujourd’hui.
Entretemps, John Herschel l’a observée à plusieurs reprises et il a dessiné ce qu’il voyait dans son instrument. En 1833, c’était la lettre grecque Ω. En 1837, un fer à cheval ! Et aujourd’hui, dans les petits instruments, les amateurs croient y reconnaître un cygne… !

 

 

 

Observation de la nébuleuse :
Voici la nébuleuse M17 photographiée en visuel assisté par Laurent Benintende en août 2024, avec un Dobson 305/1500 Go To motorisé, équipé d’un correcteur de coma Maxfield, et d’une caméra Altair 26C connectée à un ordinateur qui réalise l’empilement des photos via le logiciel SharpCap. Le temps de pose est de 3 minutes seulement, correspondant à l’empilement de 12 photos unitaires de 15 secondes chacune. Le traitement informatique ultérieur a été assuré avec les logiciels Siril et DPP4.

Difficile d’y reconnaître la lettre « oméga », un fer à cheval, ou un cygne !

Situation de la nébuleuse :
Située dans dans la zone nord de la constellation du Sagittaire, en pleine Voie Lactée, la nébuleuse M17 constitue l’une des plus belles nébuleuses du ciel d’été. Avec une magnitude visuelle de 6.0, elle est à la limite visuelle de l’œil humain dans des conditions d’observations très favorables. Elle est localisée au dessous de l’amas d’étoiles voisin M16, l’ensemble constituant un joli tableau dans le champ d’une paire de jumelles. Visuellement, elle est proche d’autres merveilles bien connues, telles que les nébuleuses de l’Aigle (IGC 4703, les piliers de la Création), de la Lagune (M8) ou de la Trifide (M20).

Distance et taille de la nébuleuse :

Selon une récente publication basée sur les mesures de la parallaxe des étoiles par le satellite Gaia, M17 est à une distance située entre 5 100 et 5 900 années-lumière. Sa plus grande dimension angulaire de 20 minutes d’arc correspond à une taille réelle comprise entre 30 et 34 années-lumière. La masse totale de gaz dans la nébuleuse est estimée à environ 800 masses solaires. Sa forme ressemble à celle de la nébuleuse d’Orion, mais contrairement à cette dernière, nous la voyons de profil et non de face.

Constitution de la nébuleuse :
M17 est une nébuleuse en émission
= nuages de gaz ionisé dans le milieu interstellaire qui absorbent la lumière d’une ou plusieurs étoiles chaudes proches, et la réémettent avec des couleurs variées à des énergies plus basses.
Elle doit sa luminosité à de jeunes étoiles de type B (température de 10 000 à 25 000°K, couleur : bleue-blanche) qui irradient le gaz alentour, créant ainsi une région d’hydrogène ionisé HII qui lui confère sa couleur rouge (raie Ha).
En son sein, se trouverait un très jeune amas ouvert, âgé d’à peine un million d’années, constitué d’une trentaine d’étoiles masquées par les gaz de la nébuleuse elle-même.
Cette nébuleuse présente également de nombreuses zones de poussières, qui offrent un contraste net avec les parties les plus brillantes.

Conclusion :
M17 est l’une des nébuleuses les plus photogéniques et les plus simples à photographier pour l’amateur.




L’image du mois de septembre 2022 : M8 ou la Nébuleuse de la Lagune

Pour le mois de septembre 2022, nous retournons dans le ciel profond avec une image encore jamais publiée dans ces colonnes : la Nébuleuse de la Lagune, ou M8 dans le catalogue Messier.
Cliquer sur l’image pour l’observer en plein format.

Cette image a été obtenue en juillet 2022 par Pierre Drumel, avec une lunette apochromatique Skywatcher AP 120/840 ESPRIT-120ED Professional OTA, fixée sur une monture Skywatcher AZ-EQ6 GT SynScan GoTo autoguidée, et munie d’une caméra couleur ZWO ASI 2600 MC Pro Color. Sur 25 clichés de 304 secondes (exposition = 300 secondes + intervalle de 2 secondes + dithering -tramage aléatoire- de 2 secondes), seuls 19 ont été retenus, conduisant à un temps d’exposition global de 1H35 minutes. Le traitement numérique de ces clichés a été assuré avec les logiciels Pixinsight version Ripley, et Corel Paintshop Pro 22.

Située dans la constellation du Sagittaire, en dessous la Nébuleuse Trifide M20, en bordure droite de la Voie Lactée, au-dessus de l’astérisme de la Théière, comme le montre le schéma Stellarium ci-dessous, M8 peut être observée à l’œil nu dans de bonnes conditions:avec un filtre UHC (Ultra High Contrast) qui diminuera les effets nuisibles de la pollution lumineuse et augmentera la brillance de la nébuleuse.

M8 est facilement repérable aux jumelles dans de bonnes conditions, au mois d’août notamment lorsque les nuits sont les plus claires. C’est une nébuleuse diffuse en émission, pouponnière d’étoiles, distante environ de 5 200 AL de nous. De magnitude apparente 6, elle couvre un secteur angulaire de 90 X 40 minutes d’arc, correspondant grosso modo à 3 pleines lunes alignées côte à côte.

La Nébuleuse de la Lagune est constituée par un immense nuage d’hydrogène (d’où la couleur rouge dominante) et de poussières excité par une supergéante bleue, l’étoile 9 du Sagittaire. D’après la NASA, cette étoile massive serait « 2 000 000 fois plus brillante que le Soleil« . Sur l’image, c’est l’étoile la plus brillante au cœur de la nébuleuse, de magnitude apparente 6,9.

Comme de nombreuses nébuleuses diffuses, M8 contient un bel amas ouvert NGC 6530, issu de la nébuleuse, constitué d’une centaine d’étoiles jeunes et très chaudes de type O et B, âgées seulement de 2 millions d’années. C’est le groupe d’étoiles qu’on voit au-dessus du cœur et qui est vraisemblablement devant la nébuleuse.

L’une des caractéristiques remarquables de la Nébuleuse de la Lagune est la présence de nuages sombres connus sous le nom de « globules de Bok » qui sont des nuages en train de s’effondrer en proto-étoiles, leurs diamètres étant de l’ordre de 10 000 AL. Certains de ces globules ont été répertoriés dans le catalogue des nébuleuses sombres de E. E. Barnard. Conduisant le plus souvent à la formation de systèmes d’étoiles doubles ou multiples, ils sont très étudiés actuellement.

L’origine de sa découverte est assez compliquée :
1654 : 1ère observation de la nébuleuse par Giovanni Battista Hodierna, scientifique, architecte et prêtre sicilien.
1680 : observation de l’amas seulement, par John Flamsteed, astronome britannique, ignorant les travaux de Hodierna.
1746 : résolution de plusieurs étoiles de l’amas par Jean Philippe Loys de Chezeaux, astronome suisse, de renommée européenne qui classifia l’objet en qualité d’amas.
1747 : observation de la nébuleuse dans son ensemble par Guillaume Le Gentil, astronome français célèbre pour sa malchance dans l’observation des transits de Vénus en 1761 et 1769 qui auraient permis de mesurer la distance Terre-Soleil avec une grande précision pour l’époque..
1764 : observation de l’amas ouvert par Messier, qui note secondairement l’existence d’une  « lueur » (nébuleuse) autour de l’étoile 9 Sagitarii.
1890 : le nom de « Nébuleuse de la Lagune » est donné à M8 par l’astronome britannique Agnes Mary Clerke.
– découverte par Herschel de la région brillante dans le cœur de la nébuleuse, ayant une forme de sablier, d’où le nom parfois donné de : Nébuleuse du Sablier.
1997 : observation poussée par le télescope Hubble.

Le mois de septembre est encore propice pour observer et photographier la Nébuleuse de la Lagune. Alors, à vos instruments et bonnes soirées dans la douceur de la fin de l’été.

Webographie :
https://fr.wikipedia.org/wiki/N%C3%A9buleuse_de_la_Lagune
https://www.stelvision.com/astro/fiche-observation/la-nebuleuse-de-la-lagune-m8-aux-jumelles/
https://www.astropolis.fr/catalogue-Messier/articles/M8/astronomie-messier-M8.html
http://jalle-astro.fr/pw/picture.php?/819
https://fr.wikipedia.org/wiki/Globule_de_Bok

 




Rémi Bourlot 3ème au concours photo du PNR de Millevaches

Cette photo a été réalisée dans la nuit du 3 au 4 Août 2018, soirée nationale de la Nuit des Étoiles, dans le cadre du concours photo organisé par le Parc Naturel Régional de Millevaches en limousin ayant pour thème « Du crépuscule à l’aube ».

Ce cliché a été pris vers 1h du matin depuis le jardin de la maison de ma belle-famille, située à l’écart du village de Flayat, alors que la planète Mars approchait de l’horizon. Cette période était favorable à l’observation de la planète rouge car elle était à l’opposition le 28 juillet dernier et avait donc atteint sa magnitude maximale (2,8), raison pour laquelle elle était à l’honneur de la Nuit des Étoiles de cette année. La zone de la voie lactée observée en bas est la zone située au niveau de la constellation du Sagittaire, avec l’écu de Sobieski sur le haut de la photo. Mars, teintée d’orange, se situe entre la constellation du Sagittaire sur la droite et la constellation du Capricorne un peu plus loin sur la gauche. Pour les plus avertis, il y a également la planète Saturne observable pile sur l’axe de la voie lactée, quelques degrés au-dessus de Mars (il s’agit d’un point légèrement plus lumineux), mais il est délicat de retrouver les constellations sur ce genre de photos.
Du point de vue technique, j’utilise un Canon EOS 6D avec un objectif Voïgtlander 20mm, ouvert à f/3,5, 3200 iso pendant 25 secondes, le tout en équilibre sur le poteau du fil à linge au fond du jardin. Le post-traitement est réalisé avec Lightroom CC. (Nous ne sommes donc pas dans des conditions optimales, ce qui explique l’importante déformation des étoiles en périphérie de l’objectif).
Rémi Bourlot



L’image du mois de septembre 2015 : La Voie Lactée

Restons dans l’actualité céleste pour ce mois de septembre avec une photographie de l’emblématique Triangle d’Eté traversé par la Voie Lactée. Cette image a été enregistrée en Limousin le 23 septembre 2013 à 21H44 par Michel Tharaud avec un APN Canon EOS 20D muni d’un objectif zoom 18-125 mm, réglé à la position grand angulaire de 18 mm, ouvert à F/3.5 sous une sensibilité de 400 ISO. Le temps de pose de 200 secondes a nécessité l’emploi d’une monture pour assurer le suivi.
VoieLactée2tiragesNous la présentons en deux versions qui diffèrent par les traitements numériques appliqués à la photographie originale enregistrée au format « RAW » :
– l’une, avec un traitement doux (réalisé par Denis Lefranc), qui révèle les nuances et les couleurs de notre galaxie,
– l’autre, traitée lors d’un de nos ateliers astrophoto avec un contraste plus grand qui permet une meilleure reconnaissance des constellations (voir image annotée plus loin).

Observation de la Voie Lactée :
Visible depuis la Terre sous la forme d’une bande blanchâtre traversant la voûte céleste, le phénomène visuel de la Voie lactée provient en majeure partie des étoiles et du gaz qui la composent. Selon les derniers relevés du télescope spatial Kepler, elle contient entre 200 et 400 milliards d’étoiles (234 milliards selon une récente estimation). Notre Soleil est l’une d’elles, tout à fait banale. Le nombre d’étoiles visibles à l’œil nu est faible : quelques milliers au plus dans de bonnes conditions d’observations. Par contre, il augmente considérablement avec le diamètre des instruments, lunettes ou télescopes [1].
Comme nous sommes en son sein, et plus précisément à sa périphérie, il est difficile de connaître sa forme exacte, mais l’on sait qu’elle est assez semblable à celle de la galaxie d’Andromède, la plus proche de nous à 2,2 millions d’années-lumière.  Il s’agit donc d’une galaxie spirale barrée, avec un noyau central, dont on sait maintenant que c’est un trou noir (comme pour tous les noyaux de toutes les galaxies), entouré d’un renflement sphéroïdal appelé « bulbe », lui même entouré d’un « halo » formant une sphère d’environ 1 000 années-lumière de diamètre. Son allure générale est représentée par les deux schémas ci-dessous :
Schémas1Le premier est une vue d’artiste représentant la Voie Lactée vue de face. D’un diamètre de 100 000 années-lumière, notre galaxie compte 4 bras spiraux bien dessinés : Persée, Sagittaire, Centaure,  Règle-Cygne, et un cinquième plus petit : le bras d’Orion sur lequel se trouve notre Soleil. Celui-ci est situé à 25 000 années-lumière du noyau, et donc à 25 000 années-lumière aussi de la périphérie.
Le second schéma montre la Voie Lactée vue de profil. Elle se présente alors sous la forme d’une sphère de 100 000 années-lumière de diamètre, traversée en son centre par le disque des bras spiraux d’une épaisseur de 1 000 années-lumière, soit le 1/100 de son diamètre. Toutes les étoiles qu’on voit depuis la Terre appartiennent à ce disque, et on peut affirmer qu’elles se trouvent à moins de 25 000 années-lumière de nous. Dans le halo, on compte très peu d’étoiles, isolées et très anciennes, par contre, il contient de nombreux amas globulaires [2]. L’illustration de cette situation est donnée par la carte du ciel ci dessous obtenue avec Stellarium réglé à la date d’enregistrement de la photo.
6 Voie Lactée StellariumCliquer sur l’image pour l’observer en plus grand format.
A cette date, et à la latitude de Limoges, la constellation du Sagittaire se trouve à l’horizon sud.  C’est pour nous le point de départ de la Voie Lactée. Le disque des bras spiraux vu par la tranche et de l’intérieur s’élève ensuite dans le ciel en traversant successivement les grandes constellations de l’Aigle et du Cygne qu’on distingue nettement sur la photo de Michel Tharaud annotée ci dessous :
VoieLactée annotéeBien évidemment, la Voie Lactée ne s’arrête pas ici. Elle traverse ensuite les constellations de Céphée, de Cassiopée, (visibles sur l’image Stellarium ci dessus), puis celles du Cocher, de Persée, d’Orion, du Grand Chien (observables en hiver dans nos régions), et enfin celles de l’hémisphère sud : la Poupe, les Voiles, le Centaure et la Règle.
La concentration d’étoiles est maximum dans le disque. Dans le Cygne, on observe à l’œil nu des étoiles situées à plus de 12 000 années-lumière. Par contre, à gauche et à droite du disque, les étoiles qu’on voit sont en moins grand nombre et plus rapprochées, puisqu’on regarde dans l’épaisseur du disque. Encore plus éloignés de part et d’autre du disque, on trouve dans le halo des amas globulaires tels M13, le Grand Amas d’Hercule, à 22 000 AL dans la constellation du même nom, M5 à 25 000 AL dans le Serpent, ou bien M72 à 56 000 AL dans le Verseau ou encore plus loin à 67 000 AL : M75 en périphérie du Sagittaire.
Le disque de la Voie lactée n’est pas aligné avec le plan de l’écliptique, mais incliné à environ 60° par rapport à celui-ci. Les deux s’intersectent au niveau des constellations du Sagittaire et, à l’opposé, des Gémeaux. La portion la plus épaisse de la Voie lactée est située dans le Sagittaire, correspondant au renflement du bulbe, entourant le centre galactique et son trou noir.
En théorie, quand on regarde dans la direction du Sagittaire, on devrait voir l’intense luminosité de la périphérie du trou noir central, des milliers de fois supérieure à celle de notre Soleil. Il n’en est rien, celle-ci nous étant cachée par d’immenses nuages de poussière sombre et opaque qui nous rendent invisible toute la partie du ciel située derrière eux. Dans cette direction, les étoiles et les nombreux autres objets célestes qu’on observe se trouvent à moins de 15 000 années-lumière.

Observation des constellations :
Sur l’image annotée, on trouve sans difficulté les 3 étoiles qui composent le Triangle d’Eté :
– Véga, dans la Lyre, étoile de référence à 25 AL avec sa magnitude visuelle égale à 0.00. Son rayon, mesuré avec grande précision par interférométrie a été estimé à 2,73 fois le rayon solaire. Elle se présente sous la forme d’une sphère aplatie aux pôles. Sa rotation rapide est à l’origine de sa protubérance équatoriale. Le rayon à l’équateur, égal à 2,78 fois le rayon solaire, est 23 % plus grand que le rayon polaire (2,26 rayons solaires) [3].

– Deneb, la queue du Cygne (constellation appelée parfois la Croix du Nord), à 1550 AL (réévaluation de 2007 à partir des données d’Hipparcos) et de magnitude 1.25. C’est une super géante blanche variable dont le rayon vaut 110 fois celui de notre Soleil. Deneb engendre autour d’elle un très fort vent solaire qui lui fait perdre chaque année 0,8 millionième de sa masse. Ce vent correspond à un flux cent mille fois plus puissant que celui de notre Soleil [4]. Sur le 1er tirage, à gauche de Deneb, on distingue sans difficulté la nébuleuse « North America » de couleur rouge. Autre étoile intéressante : Albiréo dans la tête du Cygne : étoile double dont les composantes séparées de 34 secondes d’arc, l’une jaune (le topaze), l’autre bleu (le saphir), apparaissent nettement dans les instruments d’amateur [5]. Le Cygne contient aussi l’étoile très chaude : P Cygni (repérée par un cercle dentelé), dont le spectre lumineux contient des raies d’émission, ainsi que la nébuleuse du Voile (NGC 6960), fraction importante la fameuse nébuleuse des Dentelles du Cygne, deux objets célestes précédemment publiés dans cette rubrique [6-7].

– Altaïr, le corps de l’Aigle, à 17 AL, de magnitude 0.75, 2 fois plus grande que le Soleil. Comme Deneb, sa rotation très rapide (1 tour entre 6 et 10 heures selon les estimations) provoque sa déformation. Altaïr est aplatie aux pôles et renflée à l’équateur.
Récemment, des images de la surface d’Altaïr ont été réalisées depuis l’observatoire du Mont Wilson en Californie grâce aux techniques de l’interférométrie stellaire, mettant en œuvre 4 des 6 télescopes du site. Les images obtenues montrent une étoile de couleur bleutée, fortement oblongue ce qui confirme les observations précédentes sur sa vitesse de rotation [8].
Pour mémoire, c’est sur l’instrument CHARA de ce laboratoire, qu’en avril 2015, François Reynaud et Ludovic Grossard ont testé avec succès pour la 1ère fois au monde, une nouvelle technique de détection des étoiles dans l’infrarouge. Cette méthode consiste à changer la couleur des étoiles pour mieux les détecter, en transformant leur lumière infrarouge en lumière rouge [9].

De gauche à droite, on reconnaît aussi 3 petites constellations
– le Dauphin, avec sa forme très caractéristique. Les deux étoiles les plus brillantes de cette constellation, α et β Delphini, portent des noms traditionnels étranges : Sualocin et Rotanev. Ils ont une origine peu commune : apparaissant pour la première fois sur une catalogue d’étoiles publié par l’observatoire de Palerme en 1814, ils viennent en fait de Nicolas Venator, le nom latinisé  écrit à l’envers de l’assistant directeur de cet observatoire [10].

– la Flèche, petite constellation composée de 4 étoiles visibles à l’œil nu, facile à localiser par sa forme quand on a repéré le Dauphin et Altaïr. L’empennage de la Flèche sert de point de départ pour trouver l’amas du Cintre (pointé par une flèche verticale) aussi connu sous le nom de Collinder 399. Facilement observable aux jumelles, il est composé de 10 étoiles de magnitude comprise entre 5 et 7, arrangées selon le forme particulière qui donne son nom. Il s’agit d’un astérisme, c’est-à-dire d’un alignement d’étoiles sans rapport entre elles [11].

– le Petit Renard : petite constellation composée de 2 étoiles (Stellarium) ou de 5 (Wikipedia) dont la plus brillante, Lukida (ou anciennement Anser, l’Oie), une géante rouge forme, avec 8 Vulpeculae, une binaire optique  pouvant être séparée avec des jumelles (0,12°). C’est dans cette constellation que fut découvert en 1967 le premier Pulsar [12]. Elle renferme aussi la nébuleuse planétaire de l’Haltère, alias Dummbell ou M27, très prisée des astronomes amateurs…., et de nos adhérents [13-14].

Webographie :
[1] https://fr.wikipedia.org/wiki/Voie_lact%C3%A9e
[2] https://fr.wikipedia.org/wiki/Halo_galactique
[3] https://fr.wikipedia.org/wiki/V%C3%A9ga
[4] https://fr.wikipedia.org/wiki/Deneb
[5] https://fr.wikipedia.org/wiki/Beta_Cygni
[6] http://saplimoges.legtux.org/galerie-de-photos/…..novembre-2013&catid=34&Itemid=54
[7] http://saplimoges.legtux.org/galerie-de-photos/…..mars-2010&catid=34&Itemid=54
[8] https://fr.wikipedia.org/wiki/Alta%C3%AFr
[9] http://saplimoges.fr/mission-chara-2015/
[10] https://fr.wikipedia.org/wiki/Dauphin_%28constellation%29
[11] https://fr.wikipedia.org/wiki/Amas_du_Cintre
[12] https://fr.wikipedia.org/wiki/Petit_Renard
[13] http://saplimoges.legtux.org/galerie-de-photos/….decembre-2011&catid=34&Itemid=54
[14] http://saplimoges.legtux.org/galerie-de-photos/….decembre-2012&catid=34&Itemid=54

Rédaction : Michel Vampouille




Nouvelles Novas : appel aux amateurs du monde entier

novasagcopieL’AAVSO (American Association of Variable Stars Observers, association américaine des observateurs d’étoiles variables) sollicite l’aide des astronomes amateurs à travers le monde pour observer deux nouvelles novas récemment découvertes.

La première est située dans le Sagittaire et référencée « Nova Sagittarii 2015==PNV J18142514-2554343« , sa magnitude a été mesurée à 10.9 et 11.2  par deux amateurs japonais ([105mm f/4 + camera CCD] et [200mm f/3,2 + camera CCD]) . Un premier relevé spectral montre une nova classique du type Fe II.

Ses coordonnées équatoriales sont :  R.A. : 18 14 25.14 ,  Decl. : -25 54 34.3.

La deuxième se trouve dans le Scorpion. Elle se nomme « Nova Scorpii 2015== PNV J17032620-3504140 ». Sa magnitude a été mesurée à  8.1, par un amateur japonais avec une caméra CCD équipée d’un objectif 150-mm f/2.8.
Ses coordonnées équatoriales sont : RA : 17 03 26.18 , Decl : -35 04 17.6.

En ce moment, ces deux nouvelles novas sont visibles au Sud-Est le matin, mais elles ne sont pas très hautes au dessus de l’horizon. En février, Nova Sagittarii 2015 se lève vers 6H00 pour culminer à seulement 8° au dessus de l’horizon. Au mois de juillet, elle culminera à 16°, ce qui la rendra plus facilement observable à nos latitudes.

Les mesures ou observations que vous pourriez faire seront transmises à l’AAVSO, avec le nom de l’auteur, par l’intermédiaire de la SAPLimoges. Tous les types d’observations et de mesures sont acceptés (photo, filtré ou non, photométrique, spectral), avec un appareil photo ou une caméra CCD.
Les images que vous pourriez avoir de cette région du ciel, avant la date du 12 février 2015, sont tout aussi intéressantes.
Bien cordialement
Christian JACQUIER



L’image du mois de novembre 2014 : la Voie Lactée

Voie Lactée au dessus de Santorin Pour le mois de novembre 2014, nous revenons vers les amateurs débutants avec cette image de la Voie Lactée prise au dessus de l’île de Santorin en Grèce avec des moyens techniques minimum. Cette image a été réalisée par Denis Lefranc en septembre 2014 avec un APN Reflex Canon EOS 6D équipé d’un zoom Tamron 24-70 F/2.8, calé à la focale de 24 mm. Elle résulte d’un enregistrement unique posé durant 8 secondes à la sensibilité de 2000 ISO et traité numériquement avec Photoshop. Elle montre que même sans aucun suivi et dans un environnement lumineux important, il est possible d’obtenir une image du ciel nocturne équilibrée montrant clairement la Voie Lactée et les principales constellations qui l’entourent.
Cliquer sur l’image pour l’observer avec une résolution supérieure.

Si vous souhaitez en savoir plus sur les performances et les limites de cette technique ainsi que sur le nom des constellations contenues dans cette image, lisez la suite… 

Décryptage de l’image :
Cliquer dessus pour l’observer en résolution supérieure.


la Voie Lactée décryptée
Quand on regarde une photo du ciel nocturne prise avec un objectif grand angle, le repérage des constellations n’est généralement ni immédiat ni évident. Celle-ci n’échappe pas à la règle… On a beau reconnaître la Voie Lactée et savoir qu’elle côtoie la constellation du Sagittaire en forme de théière, trouver cette dernière demande quelque attention. Ceci provient du fait qu’avec un objectif grand angle, les étoiles diffèrent par leurs éclats et non par leurs tailles. Et aussi que, sous nos latitudes françaises, nous sommes habitués à la trouver juste au dessus de l’horizon sud. Ici, la latitude de prise de vue étant plus basse, la constellation est plus haute dans le ciel. 
Une fois le Sagittaire trouvé, cheval-archer visant le Scorpion, le décryptage devient plus facile…

 

Le site « astrometry.net » aide beaucoup à la reconnaissance des objets lumineux dans un ciel nocturne. Son application http://nova.astrometry.net/ reconnaît automatiquement la région du ciel photographiée et retrouve pour vous les constellations et les objets du ciel profond, quelle que soit la focale utilisée. Dans le cas présent, il aura fallu prendre la précaution de supprimer la bande de terre en bas de la photo et de réduire un peu sa largeur avant de l’envoyer sur le site pour que la reconnaissance puisse fonctionner.


On remarque la grande étendue du Sagittaire, toujours tronqué chez nous, avec ses extrémités qui semblent enserrer la Couronne australe. La Couronne australe se place à proximité du fond de la Théière, alors que la Couronne boréale jouxte le Cornet de Glace du Bouvier. Voilà quatre constellations faciles à se souvenir. A droite du Sagittaire : le Scorpion vu en entier avec sa queue bien reconnaissable en forme de hameçon et son étoile Antarès, super géante rouge en fin de vie dont le diamètre mesure presque 900 fois celui du Soleil. Dans le futur, elle explosera sous forme de supernova. Elle apparaîtra alors pendant quelques semaines comme un astre aussi brillant que la Pleine Lune [1]. 

 

Nichés dans la Voie Lactée, les objets Messier M7 (amas ouvert de magnitude 3,3 à 1000 AL de nous), M8 (la nébuleuse de la Lagune) et M20 (la nébuleuse Trifide) sont également bien visibles.

 

Les autres constellations sont incomplètes : la plus grande est Ophiucus (ou le Serpentaire), la 13ème constellation du Zodiaque oubliée par les astrologues…! Cette constellation, qui représente un homme portant un serpent autour de lui, divise celle du Serpent en deux parties : la tête à droite, coupée sur la photo, et la queue, visible ici. Elle ne possède pas d’étoile prééminente. Sa plus brillante, Ras alhague, de magnitude 2 est au dessus de l’image. Les autres évoluent entre 3 et 4. L’objet le plus célèbre de la constellation du Serpentaire est une supernova dont l’explosion fut visible le 10 octobre 1604, près de θ Ophiuchi. Observée par Johannes Kepler, elle porte aujourd’hui le nom « d’Étoile de Kepler« . Le Serpentaire contient énormément d’amas globulaires, tels M9, M10, M12, M14, M19, M62 et M107, les amas ouverts NGC 6633 et IC 4665,  les nébuleuses IC 4603-4604, la nébuleuse planétaire NGC 6572, une fraction de la nébuleuse planétaire du Papillon (Minkovsky 2-9) et Barnard 68, un nuage de poussières sombre [2].

 

Autre constellation peu lumineuse avec des étoiles de magnitude 4 : l’Ecu de Sobieski (ou Scutum). Pas très éloigné du centre de la Voie Lactée, il contient quelques objests célestes dont les deux amas ouverts : M11 et M26 [3].

Deux constellations de l’hémisphère sud aux noms curieux : le Microscope (2 étoiles) et le Télescope (2 étoiles). Créées par l’abbé Nicolas Louis de Lacaille en 1752 afin de remplir les derniers pans de ciel austral sans dénomination, elles portent le nom d’un appareil scientifique, comme la plupart des 14 autres que cet astronome français du 18ème siècle a baptisées [4-5].

 

Dernière constellation incomplète à gauche de l’image : le Capricorne (ou la Chèvre). Souvent dessinée comme une chèvre à queue de poisson, cette constellation est une des plus anciennes qui existent malgré sa faible luminosité. Des descriptions d’une chèvre ou d’une chèvre-poisson ont été trouvées sur des tablettes babyloniennes datant de 3 000 ans. Le Capricorne est l’une des 48 constellations identifiées par Ptolémée. La  planète Neptune fut découverte dans cette constellation par l’astronome allemand Johann Galle, le 23 septembre 1846 [6].  

 

La technique photo utilisée

Elle est très empirique : faute de disposer d’un pied et d’une télécommande, l’appareil a été posé sur un muret avec un déclenchement au retardateur pour éviter les vibrations. Le choix de la sensibilité (2000 ISO) a été guidé par le souci de contenir au maximum la montée du bruit numérique. L’ouverture de f:4,5 a été choisie pour éviter trop de chromatisme sur les bords de l’image. Le temps de pose de 8 secondes est un compromis pour concilier à la fois la nécessité de contenir l’éclairage urbain et la volonté de saisir un maximum d’informations dans le ciel tout en évitant un filé d’étoiles trop important lié à l’inévitable rotation de la Terre.

 

Une méthode plus scientifique aurait consisté à calculer sur le papier le temps de pose maxi en utilisant la formule suivante : T(secondes) = 100/Focale(en mm), au niveau de l’équateur, là où ça tourne le plus vite. Le critère aboutissant à cette formule étant très « sévère » (l’image d’une étoile ne doit pas bouger de plus d’un seul pixel de taille 6 µm), on peut généralement multiplier par 2 le temps de pose trouvé. C’est d’ailleurs le cas ici : T = 100/24 = près de 4 secondes x 2 = environ 8 secondes sans filé apparent…

 

La photo a été prise au format Raw pour être ensuite traitée sous Photoshop, d’abord sous Camera Raw pour lire et prétraiter le fichier Raw et le convertir en fichier PSD, puis sous Photoshop, au moyen de calques successifs de courbes et de niveaux pour révéler au maximum les détails du ciel, notamment dans la Voie Lactée.

 

Et vous, voulez vous essayer ?

Rien de plus simple : la SAPLimoges organise à partir du 15 novembre des séances d’initiation à l’astronomie, au cours desquelles une large place sera faite aux différentes techniques de prises de vue du ciel nocturne. Consultez régulièrement la rubrique « Actualités » de notre site Internet pour en savoir plus et si l’aventure vous tente… venez nous rejoindre !

Webographie :

[1] http://fr.wikipedia.org/wiki/Antar%C3%A8s

[2] http://fr.wikipedia.org/wiki/Ophiuchus

[3] http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89cu_de_Sobieski

[4] http://fr.wikipedia.org/wiki/Microscope_(constellation)

[5] http://fr.wikipedia.org/wiki/Nicolas_Louis_de_Lacaille

[6] http://fr.wikipedia.org/wiki/Capricorne_(constellation)

 

Rédaction : Denis Lefranc, Michel Vampouille.




L’image du mois d’août 2012 : la constellation du Sagittaire

Pour le mois d’août, voici une image de circonstance puisque c’est durant les mois d’été que la constellation du Sagittaire est au plus haut dans le ciel au dessus de l’horizon sud. Cette image a été réalisée aux environs de Niort le 10 septembre 2009 à 22H10 par Michel Vampouille avec un APN Canon EOS 40D équipé d’un objectif fixe Canon F/1.4 de 50 mm fixé sur une monture motorisée assurant le suivi. Un lot de 14 vues de 30 secondes à F/2 et 200 ISO a été cumulé sous Iris et traité avec Photoshop pour obtenir un temps de pose global de 7 minutes. Cliquer sur l’image pour l’obtenir en résolution supérieure. SagittairehrLe Sagittaire, la Théière ou le Centaure ? Cette constellation, aussi appelée la « Théière » est très reconnaissable sur la photo présentée, car les lignes qui rejoignent ses étoiles les plus brillantes dessinent fidèlement cet ustensile, avec son anse à gauche, son bec verseur à droite laissant échapper un nuage de vapeur (la Voie Lactée), et son couvercle en forme de triangle. Les dessins sur les cartes célestes la représentent sous la forme d’un Centaure, personnage mythologique mi-homme, mi-cheval. Comment peut-on transformer une « théière » en Centaure ? Pour cela, il faut avoir accès à la totalité des étoiles qui composent la constellation, car dans nos régions, nous n’en voyons que la partie supérieure. Même à la mi-juillet où elle culmine à une quinzaine de degrés, la partie inférieure reste toujours cachée sous l’horizon. Pour l’observer en entier, il faut descendre au niveau de Madrid, ou faire appel, comme ci-dessous, au logiciel Stellarium.

Dessinhr

C’est alors avec beaucoup d’imagination qu’on voit apparaître le dessin caractéristique du Centaure bandant son arc en direction du Scorpion. Le trait horizontal jaune représente l’horizon en juillet au moment où la constellation est au plus haut. Dans nos régions, on ne voit donc jamais les pattes du cheval. De plus, son arrière-train à gauche ne figure pas sur l’image. Il nous est donc impossible de « voir » un Centaure. Par contre, on remarque une partie de la petite constellation de la Couronne Australe dont seules les étoiles supérieures nous sont accessibles.

Le mot « Sagittaire » vient du latin Sagitta « flèche » et de Sagittarius « archer ». Dans l’armée romaine, un sagittaire était un soldat qui lançait des flèches. Par ailleurs, le personnage du Centaure était souvent représenté tenant un arc tendu prêt à lancer une flèche. Les deux images ont été associées…

Le Sagittaire dans le zodiaque :

Le Sagittaire est l’une des treize constellations du zodiaque astronomique traversée par l’écliptique. Elle est parcourue par le Soleil du 18 décembre au 18 janvier. Il ne faut pas la confondre avec l’une des douze périodes du zodiaque astrologique qui, ne tenant pas compte de la précession des équinoxes depuis sa création, se situe entre le 22 novembre et le 21 décembre.

Les principales étoiles du Sagittaire :

Quand on observe sous le bec verseur de la « théière », on regarde vers le bulbe central de notre galaxie qui est situé à 25 000 années-lumière environ, aux coordonnées célestes : 17H 45min, -28°56’. Dans cette direction, l’intensité lumineuse serait insoutenable si elle n’était considérablement atténuée par un épais nuage de poussières. Pour nous, cette région est quand même la plus brillante de la Voie Lactée. Contrairement aux autres constellations, les étoiles nommées a (Rubkat) et b (Arkab) situées aux extrémités des deux pattes avant du Centaure ne sont pas les plus brillantes. Celles-ci se trouvent sur le corps de la « théière » :

  • Kaus Australis (e), le bas du bec verseur, étoile, bleue de magnitude 1.75,
  • Nunki (s), le haut de l’anse, étoile jeune de magnitude 2.05,
  • Alnasl (g), l’extrémité du bec verseur, 2.95,
  • Kaus Media (d, 2.7) et Kaus Borealis (l, 2.8), deux géantes rouges formant avec Kaus Australis (e) la corde de l’arc que tient le Centaure, Kaus signifiant « arc ».

Les objets célestes dans le Sagittaire :

La Voie Lactée est la plus dense à l’endroit où elle traverse le Sagittaire. On va y donc trouver bon nombre d’amas globulaires, d’amas ouverts et de nébuleuses planétaires. Beaucoup d’entre eux sont visibles avec de simples jumelles. Sur notre photo, quatre sont facilement repérables à partir de Kaus Borealis (l).

  • à gauche, dans une direction presque perpendiculaire avec la grande tige qui s’élève vers m Sgr, on distingue l’amas globulaire M 22, le plus proche de nous (10 400 AL) et le plus brillant des amas globulaires (magnitude 5.10), devant l’amas d’Hercule M13 (5.90).
  • à droite, dans une direction qui prolonge le segment Nunki(f)/Kaus Borealis(l), un paquet d’étoiles révèle la Nébuleuse de la Lagune, ou M8, de magnitude 5.8. Cette nébuleuse très photogénique est énorme puisqu’elle est contenue dans un cube de 100 à 150 AL de côté. De nouvelles étoiles se forment actuellement dans la partie ouest de ce complexe. Sa direction donne celle du bulbe galactique.
  • un peu au dessus, un nouvel agglomérat d’étoiles signale la Nébuleuse Trifide ou M20 (mag = 6.3) : la disposition particulière de trois bandes de poussières sombres se détachant sur le fond brillant expliquent le nom donné à cet objet si souvent photographié.
  • enfin, au voisinage de Kaus Borealis (l), un peu au dessus de la direction menant vers M8, un point empâté indique la présence de l’amas globulaire M28 (mag = 6.9) relativement brillant et très compact.

En descendant du bec verseur, l’amas ouvert M7 de magnitude 3.3, composé d’une centaine d’étoiles resserrées se distingue aussi très facilement. Très proche de nous (880 AL), il n’est âgé que de 220 millions d’années : ses étoiles nous paraissent donc de couleur bleue.

Aux instruments, on en trouve bien d’autres, comme « l’allée des globulaires », formée d’une suite de 4 amas globulaires bien rangés le long de la ligne qui joint z Sgr et e Sgr (Kaus Australis). Trois sont dans le corps de « la théière » : M69 (mag = 7.7), M70 (mag = 8,1), M54 (mag = 7.7), alors que le dernier, M55 (mag = 7) est à l’extérieur du côté de l’anse. Ce dernier est composé d’une  centaine de milliers de vieilles étoiles très proches les unes des autres, liées par la force gravitationnelle. Quant à M54, on sait depuis 1994 qu’il est situé en dehors de la Voie Lactée dans la galaxie naine elliptique du Sagittaire. Ce qui en fait le premier amas globulaire extragalactique à être découvert, même si à l’époque Messier n’en avait aucune idée.

Tous ces objets associés au graphisme de la constellation et au départ de la Voie Lactée font de cette portion du ciel d’été un site très agréable à observer et à photographier.

Webographie :
http://www.groupeastronomiespa.be/constindex.htm
http://fr.wikipedia.org/wiki/Sagittaire_(constellation)
http://fr.wiktionary.org/wiki/sagittaire
http://www.astropolis.fr/catalogue-Messier/articles/M22/astronomie-messier-M22.html http://www.astropolis.fr/catalogue-Messier/articles/M8/astronomie-messier-M8.html http://fr.wikipedia.org/wiki/M7_(astronomie)
http://fr.wikipedia.org/wiki/M54
http://www.cidehom.com/apod.php?_date=040918

http://www.cosmovisions.com/sgr.htm

 Rédaction : Michel Vampouille




L’image du mois de septembre 2010 : les Nébuleuses M8 et M20

Au cours des soirées d’observation guidées organisées pour le grand public en juillet/août par notre association, nous avons constaté que les participants deviennent plus curieux, plus demandeurs, plus exigeants…. En particulier, ils s’étonnent que les images observées derrière l’oculaire des instruments (qui leur paraissent pourtant sophistiqués) ne soient pas plus lumineuses, plus colorées, plus étendues…. Bref, qu’elles ne ressemblent pas plus aux superbes photographies qu’ils ont vues à la télévision ou sur des magazines.
Halo lunaireAprès leur avoir expliqué que le facteur important était la quantité de lumière accumulée avant d’observer l’image, nous avons essayé de répondre partiellement à leur demande en leur montrant sur l’écran d’un PC portable des photographies de nébuleuses et de galaxies prises avec eux en cours de séance avec des temps de pose de 150 à 300 secondes. Le résultat étant très probant, nous essaierons de reproduire cette technique à chaque manifestation destinée au grand public.

L’image du mois de septembre : Nébuleuses M8 et M 20 dans le Sagittaire, illustre ce genre de photographie «presque brute avec un minimum de traitement informatique» prise au cours de la Nuit des Étoiles que nous avons animée le 7 août 2010 aux Grands Chézeaux, dans le nord du département de la Haute Vienne.
Cliquez sur l’image pour l’observer avec une résolution supérieure.

La photo  a été réalisée par Christophe Mercier avec un APN Canon EOS 40D, équipé d’un objectif zoom de focale 100/400 mm réglé sur 300 mm, fixé sur une monture Vixen GPD 2 assurant le suivi. Pour obtenir un maximum de lumière, et donc un maximum de couleurs et de détails, Christophe a travaillé à la limite des possibilités avec une sensibilité de 1600 ISO, des temps de pose compris 150 à 300 secondes et une ouverture presque maximum (F/8) assurant cependant un piqué convenable.

Un peu de « grain », des étoiles pas toujours très rondes, mais les formes et les couleurs des deux nébuleuses apparaissent nettement.

En bas de l’image, on observe la Nébuleuse de la Lagune (ou Messier 8) qui est un immense nuage d’hydrogène gazeux (zones rouges) et de poussières (zones noires) éclairé par une étoile supergéante bleue, l’étoile 9 du Sagittaire qu’on distingue sans difficulté comme la plus brillante presque au milieu du lobe droit de la nébuleuse. Cette étoile est de type O (assez rare), ce qui signifie que sa température de surface dépasse les 25 000 degrés. Sur l’image du mois de juin 2010, nous n’avons pas réussi à observer ce type d’étoile. Aussi, avec sa magnitude voisine de 6, elle constituera une future cible d’analyse spectrale lors des prochaines sorties du printemps 2011.
Comme de nombreuses nébuleuses diffuses, M 20 contient un bel amas ouvert nommé NGC 6530 bien visible sur la photo. Issu de la nébuleuse, il contient une grande quantité d’étoiles très jeunes et très chaudes de type O (notamment HP 88581, magnitude : 6.85, autre cible intéressante) et B (température de surface : entre 10 000 et 20 000°) âgées de seulement 2 millions d’années

La taille de la nébuleuse est d’environ 100 années-lumière et sa distance tourne autour de 5 000 années lumière ce qui lui donne un diamètre angulaire apparent de 1,15°, supérieur à deux fois celui de la pleine Lune. Dans un prochain article, nous indiquerons comment calculer les diamètres angulaires apparents sur les images. Ainsi, nous pourrons mieux appréhender l’importance de la zone photographiée par rapport à l’étendue réelle de la nébuleuse.

En haut de l’image, on voit la nébuleuse Messier 20, ou NGC 6514, ou Nébuleuse Trifide (ou du Trèfle ou encore Trilobée). En fait, c’est une nébuleuse en émission traversée par une nébuleuse obscure en forme de doigts qui lui donnent son aspect caractéristique de fleur rouge (hydrogène gazeux) à trois pétales séparés par des filaments sombres. Comme pour M8, la zone rouge est illuminée par une étoile centrale très chaude de type O (accessible à la mesure). Au nord, une étoile bleue relativement brillante illumine un halo diffus de même couleur (visible sur la photo) révélant la présence d’une partie de la nébuleuse par réflexion qui entoure l’ensemble.
Le diamètre angulaire apparent de M 20 est de l’ordre d’une pleine Lune (28’ d’arc) et sa distance quasi-identique à celle de M 8, soit  5 000 années-lumière.
Quand on observe dans la direction de M 20, on regarde vers le bulbe central de notre galaxie situé approximativement à 25 000 années-lumière de nous… Il nous est rendu invisible par de grandes quantités de poussières absorbant le rayonnement visible.

Comme on peut le constater, la quantité d’informations que l’on peut extraire de cette image prise en une seule pose est énorme par rapport à la même image observée visuellement derrière l’oculaire.

Bibliographie :
http://fr.wikipedia.org/wiki/N%C3%A9buleuse_de_la_Lagune
http://fr.wikipedia.org/wiki/N%C3%A9buleuse_Trifide

Rédaction : Michel Vampouille