Photographiez la comète du mois d’avril 2017 : 41P/Tuttle-Giacobini-Kresak ou C/2017 E4 Lovejoy

En ce moment et jusqu’à fin avril 2017, la comète 41P/Tuttle-Giacobini-Kresak qui passe à portée de notre Terre avec une magnitude comprise entre 6 et 8 peut faire l’objet d’une séance photographique intéressante.

Dans l’article ci-dessous :
http://www.skyandtelescope.com/observing/comet-41pt-g-k-glows-green-for-st-paddys-day/
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ous trouverez beaucoup d’informations, notamment : sa position tous les 3 jours et sa trajectoire, parmi les constellations traversées, ainsi que le montre la photo ci-dessous tirée issue de l’article signalé par Serge Hémon :
Mais peut-être, voudriez-vous chercher ces renseignements par vous-même., et par la même occasion, connaître sa magnitude. Il y a d’excellents sites ou logiciels qui donnent ces informations, mais pour les fidèles du logiciel Stellarium, voici comment procéder :
– Travailler de préférence avec la version la plus récente de Stellarium (qui doit être la 0.15.2 à la date du 28 mars 2017). Si vous devez la charger, veillez à détruire la version précédente et à nettoyer votre ordinateur (par exemple avec « CCleaner »).
– L’ouvrir en tenant compte de votre lieu, date, et heure d’observation.
– Effectuer une recherche [onglet F3] sur la comète 41P/Tuttle-Giacobini-Kresak (ou 41P/T-G-K en raccourci)
– Si la comète est déjà répertoriée dans la version de Stellarium que vous utilisez, vous l’obtenez aussitôt sur l’écran avec les indications de position et de magnitude.
– Mais si elle n’y est pas, c’est à vous de la mettre. Pour ce faire, reportez-vous à l’un ou l’autre des articles suivants publiés dans notre site :
http://saplimoges.fr/comment-importer-les-cometes-ison-et-lovejoy-dans-stellarium/
http://saplimoges.fr/ajouter-la-comete-c2010-x1-elenin-dans-stellarium/
Vous trouverez toutes informations nécessaires pour effectuer la mise à jour de votre logiciel Stellarium.
– En effectuant une recherche sur sur la comète, vous tomberez donc sur une image semblable à celle ci-dessous qui est donnée à titre d’exemple à la date du 7 avril 2017 à 23H. Le point et l’annotation ont été ajoutés avec Photoshop. Le pavé à gauche vous donne toutes informations souhaitées : date ( 7 avril 2017 à 23H), position : dans le « virage du Dragon à proximité de la Petite Ourse » avec ses coordonnées : AD = 15H30min, Décl = 63°18′, et sa magnitude = 6,61. Vous pouvez donc la trouver et la photographier.
Mais peut-être souhaitez-vous connaître sa trajectoire ?
Jusqu’alors,  celle-ci n’était pas disponible aisément sur Stellarium, mais depuis la version 0.14.0, cette information est maintenant accessible grâce à la nouvelle rubrique « Calculs astronomiques » ou la touche [F10].

1er calcul : recherche de la date correspondant à son éclat maximum (= magnitude minimum) :
– à partir de l’écran ci-dessus, supprimer la Terre, supprimer l’Atmosphère, et passer en monture altazimutale.
– avec la touche [F5] ou la touche ad’hoc dans la barre horizontale, accélérez le déroulement du temps, dans le passé et dans le futur, tout en surveillant la valeur de la magnitude dans le pavé d’information. Dans le cas présent, vous pouvez sauter de jour en jour. Le 15 mars, sa magnitude est de 7.80, le 1er avril, elle vaut 6,70, alors que le 22 avril, elle remonte à 7.09. Ceci signifie que sa magnitude minimum (= éclat maximum) se situe vers le 1er avril. Il ne reste plus qu’à affiner le processus de recherche autour du 1er avril pour trouver que sa magnitude minimum vaut 6.61, le 7 avril 2017.

2ème calcul : tracé de sa trajectoire, par exemple sur un intervalle de 2 mois centrés sur la date de son éclat maximum :
– à partir de l’écran précédent, cliquer sur la touche [F10] ou sur l’onglet « Calculs astronomiques ».
– un nouvel écran apparaît (voir ci-dessous) :
– cliquer sur l’onglet « Positions » et choisir la comète 41P/Tuttle-Giacobini-Kresak parmi les objets célestes affichés. En cliquant dessus, la ligne devient jaune-orange. Cette manœuvre nous redonne la position de la comète sur l’écran.
– cliquer ensuite sur l’onglet « Ephémérides » et renseigner correctement les différents onglets ainsi que le montre l’écran ci-dessous :
1) Corps céleste : rechercher le nom de la comète dans la liste (qui s’ouvre avec la flèche de droite), ou écrivez le.
2) De (= date de départ de la trajectoire) : ici le 7 mars 2017.
3) A (= date d’arrivée de la trajectoire) : ici le 7 mai 2017.
4) Pas de temps (= intervalle de temps entre chaque point qui indiquera la position de la comète sur la carte) : ici 1 jour semble adapté à l’intervalle de temps souhaité.
5) Afficher les marqueurs de position : oui
6) Afficher les dates de position : non obligatoire parce que le « Pas de temps  » est court et que cette information brouillera complètement l’image. .
7) Cliquer sur l’onglet « Afficher les éphémérides » .
8) La trajectoire de la comète durant l’intervalle de temps demandé apparaît sur la carte du ciel sous la forme d‘une succession de points jaunes ainsi que le montre le schéma ci-dessous après  réorientation (Nord en haut) et agrandissement. Chaque point correspond à la position journalière de la comète.
Cette fois, c’est terminé, Stellarium vous a fourni toutes les informations utiles pour réussir la photographie de la comète….

Pour les lecteurs intéressés par des informations sur la comète elle-même, sa période d’observation, les origines de sa découverte et de son nom, les instruments les mieux adaptés…, nous vous renvoyons à l’excellent article suivant relevé par Eric Fleurat :
http://www.stelvision.com/cometes/41P.php

Ajouté le dimanche 9 avril 2017 :
Une autre comète est actuellement « photographiable » dans la constellation d’Andromède et bientôt dans celle de Pégase, au niveau des pattes avant du Cheval. Il s’agit de C/2017 E4 Lovejoy qui se révèle bien plus brillante que prévu. Depuis sa découverte le 9 mars dernier par Terry Lovejoy, son éclat a augmenté (sa magnitude a diminué de 14 à 7) et devrait continuer d’augmenter jusqu’à son  passage au périhélie le 23 avril prochain à 77,5 millions de km du Soleil. Du coup cet astre chevelu, qui s’annonçait au départ comme une cible délicate réservée aux possesseurs de gros télescopes devient accessible aux chasseurs de comètes armés de jumelles qui profitent déjà du passage de 41P/Tuttle–Giacobini–Kresak [1].
Mais il faut la chercher en pleine nuit vers 5H si on veut disposer de suffisamment de temps avant le lever du Soleil pour la photographier. Si elle ne se désintègre pas à l’approche du Soleil et que sa magnitude reste au niveau actuel de 7, il faut quand même un « certain » nombre de poses de durée « optimisée » pour avoir quelques chances de réussir une image convenable. Son éclat maximum était prévu par initialement autour du 16 avril, et le tracé de sa trajectoire selon la méthode décrite plus haut avec un pas de 1 jour donne, pour cette date, l’image Stellarium ci-dessous :
Merci à Thierry Barrault de nous avoir signalé l’augmentation de la luminosité de cette comète.

Alors, bonne chasse, et bonne chance….

Webographie :
[1]http://blogs.futura-sciences.com/feldmann/2017/04/05/la-comete-c2017-e4-lovejoy-est-bien-plus-brillante-que-prevu/

Rédaction : Michel Vampouille, Serge Hémon, Eric Fleurat, Thierry Barrault.

 




L’image du mois d’août 2014 : la Galaxie NGC 7814

Pour le mois d’août 2014, plongée dans le ciel profond avec une image de la galaxie NGC 7814 réalisée par Jean Pierre Debet en septembre 2013 avec un télescope C9 de 2350 mm de focale, équipé d’une caméra Atik 16 HR et d’une roue à filtres. Le temps de pose global est de 6H répartis entre : luminance 4H30, chaque couleur 0H 30. Le traitement numérique est fait avec le logiciel Pixinsight.
NGC7814hrCliquer sur l’image pour l’observer en résolution supérieure.
C’est une galaxie spirale vue exactement de profil avec une bande de poussière très marquée qui la traverse d’un bord à l’autre dans le sens de l’épaisseur, sans toutefois réussir à obscurcir complètement le bulbe central. Cet aspect très typique lui a aussi valu le nom de « Petit Sombrero » tant est marquée sa ressemblance avec le plus célèbre et plus brillant « Sombrero » (ou M104) dans la Vierge.
Pour les mêmes raisons, on aurait aussi bien pu l’appeler « Petite Galaxie de l’Aiguille » ou NGC 4565 dans « la Chevelure de Bérénice », encore plus ressemblante.
On lui trouve aussi le nom de PGC 218 dans « Catalogue of Principal Galaxies », UGC 8 dans Uppsala General Catalogue » et aussi « Caldwell 43.
On ignore par qui et à quelle date cette galaxie a été découverte.

Localisatio NGC 7814Ainsi que le montre l’image Stellarium ci-contre, elle est située à l’intérieur du « carré » de Pégase, juste à côté de l’étoile Gamma Peg (Algenib).
Sa magnitude visuelle est donnée autour de 10,5/11.
Située à 40 millions d’années-lumière, elle s’inscrit dans un carré de côtés 60 000 X 20 000 AL. Depuis la Terre, on la voit dans un domaine angulaire de 6’18 » x 2’24 », soit 1/5 du diamètre de la Pleine Lune.
Sous un bon ciel, cette galaxie est visuellement accessible aux instruments de 150 mm dans lesquels elle apparaît diffuse et un peu allongée. Cependant, la bande de poussière qui la traverse est difficile à distinguer, même aux grandes ouvertures. Il faut passer à la photographie longue pose pour la faire apparaître. Celle-ci abrite de nombreuses étoiles jeunes et brillantes.
La lueur diffuse du bulbe central provient de milliards d’étoiles anciennes. Cette lueur nous paraît homogène, en fait, il n’en est rien. L’analyse minutieuse des photos professionnelles révèle de nombreux points de lumière qui sont en réalité des amas globulaires.
Cette galaxie présente un fort décalage spectral vers le rouge provoqué par l’expansion de l’univers (effet Hubble). Celui-ci conduit à une vitesse de récession d’environ 1 000 km/sec.

 




L’image du mois de mai 2012 : conjonction Lune, Jupiter, Vénus

Durant tout le premier trimestre 2012, vous avez sans doute observé les belles conjonctions qui sont apparues vers l’horizon ouest dans le ciel du soir. Actualité oblige : en voici deux enregistrées par nos adhérents. La première a été prise par José Fernandez le 27 février 2012 à 19H47 en 8 secondes à 1600 ISO avec un APN Canon EOS 600D équipé d’un objectif de 18 mm. La seconde par Denis Lefranc le 24 mars 2012 à 20H25 en 8 secondes à 800 ISO avec un APN Pentax muni d’un objectif de 17 mm.
ConjonctionjosehrConjonctiondenishrBien que la disposition des astres semble identique, il n’en est rien. Sur la première, on reconnaît la Lune en haut, puis en descendant, Jupiter, moins brillante que Vénus. Alors que sur la seconde, les positions de Vénus et de la Lune sont inversées autour de Jupiter que est toujours au milieu. Dans les deux cas, la Lune est en moitié de premier quartier et Vénus est gibbeuse.

Avec leur premier plan terrestre, ces deux images reflètent bien le caractère esthétique de la photographie de type « Paysage et Astronomie » prise juste après le coucher du soleil, quand le ciel passe progressivement du bleu lumineux au bleu nuit…

En cliquant sur les images, on peut les observer en haute résolution, visualiser les constellations et repérer les étoiles reconnaissables sur chacune d’elles.
Si cette recherche vous intéresse, lisez la suite…

En astronomie, on parle de conjonction quand deux objets célestes vus d’un troisième, la Terre en l’occurrence, apparaissent très rapprochés l’un de l’autre. Cette disposition particulière est prédite par les lois déterministes de la mécanique céleste, elles-mêmes basées sur les forces de gravitation entre les corps massifs. Les périodes de rotation des corps en présence, ici la Lune, Vénus et Jupiter, étant toutes différentes, il peut arriver que ceux-ci soient vus depuis la Terre dans un champ angulaire très restreint. On parle alors de conjonction. C’est ce qui s’est produit durant certaines nuits du premier trimestre 2012.

En plus de la conjonction elle-même, on peut aussi s’intéresser aux constellations qui l’entourent. Ainsi, sur les deux photos, on distingue nettement le Bélier au côté droit de la Lune. C’est une petite constellation zodiacale formée de quatre étoiles de moyenne brillance, donc pas facile à repérer. Le Zodiaque est une bande de la voûte céleste situé à cheval sur l’écliptique, qui marque la trajectoire apparente du Soleil durant un an. Pour les astronomes, le Soleil traverse la constellation du Bélier en 25,5 jours, entre le 18 avril et le 13 mai. Les étoiles les plus brillantes du Bélier sont α Ari, Hamal (la 2ème en partant du haut), une géante rouge de magnitude apparente 2 située à 66 AL, et l’étoile β Ari, Sheratan, (juste en dessous), de magnitude apparente plus faible 2,7.

A droite du Bélier, on trouve le Triangle, la seule constellation dont le nom décrit la figure géométrique qu’elle représente. Elle fut premièrement nommée Delta, à cause de sa similitude avec le graphisme de la lettre grecque delta : Δ. Les anciens l’associaient donc au delta du Nil, mais en fait, on doit son nom aux Hébreux, qui y voyaient une ressemblance avec la forme de l’instrument de musique à percussions. Malgré la faible magnitude (3,5/4) des trois étoiles qui la composent, elle est de repérage facile dès que les conditions de visibilité sont suffisantes.

Encore à droite du Triangle, nous pouvons observer deux constellations liées : Andromède, avec son long bras droit et une partie de Pégase, à qui appartient le célèbre Grand Carré de Pégase. Avec une magnitude comprise entre 2 et 4, les étoiles d’Andromède ne sont pas très brillantes, cependant c’est une constellation facile à trouver, au sud du W de Cassiopée et sur le prolongement d’une des diagonales du Carré de Pégase. Son étoile principale, α Andromedae ou Alpheratz, est la seule étoile à appartenir à deux constellations différentes : Andromède et Pégase. Andromède abrite la grande galaxie du même nom, (ou M31, signalée sur la photo de Denis), la plus grande du Groupe Local, l’ensemble de galaxies auquel appartient notre Voie Lactée. Eloignée de 2,55 millions d’années-lumière, elle se rapproche de nous à la vitesse de 300 km/sec et nous rencontrera dans 3 à 5 milliards d’années !
Pégase, célèbre créature fantastique de la mythologie grecque symbolisée par un cheval ailé, se rencontre sur les pièces de monnaie du IVe siècle avant notre ère. Le Grand Carré de Pégase est un repère sur la voûte céleste à cause de sa forme et à l’absence significative d’étoiles à l’intérieur de son périmètre. Comme il se trouve en dehors de la Voie Lactée, ses étoiles de magnitude comprise entre 2 et 3 se détachent nettement sur le ciel sombre.

A gauche de Pégase se trouve une partie de la longue constellation des Poissons qui, selon la mythologie gréco-romaine, est une image de deux poissons liés par leurs queues avec un ruban. Deuxième constellation zodiacale sur cette photo, elle est parcourue par le Soleil en 37,7 jours entre le 11 mars et le 18 avril. Avec des magnitudes apparentes voisines 4, les étoiles des Poissons ne sont guère visibles.  Pour les trouver, il faut se repérer à celles du Grand Carré de Pégase. Les astronomes de l’an 7 avant J. C. ont dû se régaler avec une conjonction triple dans la constellation des Poissons réunissant Jupiter et Saturne trois fois dans la même année  !

En passant de l’autre côté de l’écliptique, à gauche de la Lune, se trouve la constellation de la Baleine dont on voit uniquement la tête sur les deux photos. Avec sa forme caractéristique de polygone à cinq côtés, la Baleine est une très grande constellation, malheureusement constituée d’étoiles peu brillantes. Elle contient Mira, une géante rouge double variable (on la devine sur la photo de José, à l’angle droit dans la branche) qui est est aussi la plus célèbre des étoiles variables de longue période. En 11 mois, sa magnitude décroit de 3,4 à 9,3, avec un éclat maximal durant deux semaines. Cette propriété est attentivement surveillée pour affiner les mesures de distances par la méthode des Céphéïdes.

Le trait jaune de la partie supérieure gauche de la photo de José est une partie de la constellation du Taureau, une importante constellation boréale abritant les deux plus grands amas d’étoiles que l’on puisse voir à l’œil nu : les Hyades (non visibles) et les Pléiades (bien visibles sur la photo de Denis). Les Hyades forment un amas ouvert (concentration d’étoiles d’origine commune liées entre elles par la gravitation) bien proche de nous : 150 années-lumière. Les Hyades composent la tête du Taureau. Les Pléiades constituent un bel amas ouvert, sans doute le plus célèbre du ciel ! Cet amas compte environ 500 étoiles et se trouve à une distance de 380 années-lumière. Avec de bonnes conditions d’observation, on voit facilement 5 étoiles, et puis au fur et à mesure que l’œil s’acclimate, on peut en distinguer jusqu’à 10.

Pour réussir des photos comme celles présentées ici, c’est « simple » : il « suffit » d’un appareil numérique doté d’un objectif de 15 à 35 mm de focale et d’un pied photo. Réglez la sensibilité entre 400 et 800 ISO, ajustez le diaphragme entre F/2.8 et F/5.6 selon votre objectif, et essayez plusieurs temps de pose compris entre 1 et 10 secondes. N’attendez pas que la nuit soit complètement noire. Profitez de la faible lueur du couchant pour éclairer les sujets terrestres. N’oubliez pas d’utiliser un déclencheur souple ou le retardateur de l’appareil, et bien sûr coupez le flash !
Bonne chance et bonnes photos !

Biographie et webographie :

Guide Pratique de l’Astronomie, David H. LEVY, Sélection du Reader’s Digest.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Pl%C3%A9iades_%28astronomie%29l
http://pt.wikipedia.org/wiki/Mira_(estrela)
http://www.faaq.org/bibliotheque/constellations/pagdt100.htm
http://messier.obspm.fr/f/m031.html
http://fr.wikipedia.org/wiki/Baleine_(constellation)

Rédacteurs : Fernanda Baudon, Michel Vampouille.




L’image du mois de février 2011 : la galaxie du Feu d’Artifice

Pour le mois de février, retour au ciel profond avec cette photo de Jean Pierre Debet prise en décembre 2010 à Saint Léonard de Noblat (87 400) : la grande et belle galaxie du Feu d’Artifice (NGC 6946) et l’amas ouvert NGC 6936, tous deux situés à la frontière des constellations de Céphée et du Cygne.
Halo lunaireCette image a été obtenue avec une lunette TMB 92/500 autoguidée et équipée d’une caméra ATIK 16 HR. Elle résulte de l’addition sous Iris de 30 poses de 8 minutes pour la luminance et de 62 poses de 3 minutes pour les trois couleurs rouge, vert et bleu, soit un temps de pose global de 7 Heures 46 minutes. Cette durée permet de faire apparaître les bras spiralés de la galaxie qui sont obscurcis par la matière interstellaire de la Voie Lactée.

Découverte par William Herschel en 1798, la galaxie du Feu d’Artifice se situe à une distance de 10 à 20 millions d’années-lumière.  C’est une des plus proches de nous n’appartenant pas au Groupe Local. Avec une magnitude apparente de 8,9 et une extension angulaire de 11 minutes entièrement résolue (voir note [1]) correspondant à un diamètre de 40 000 années-lumière, elle nous apparaît de face avec un noyau central jaunâtre rempli de vieilles étoiles, des bras jaunes-bleutés parsemés d’étoiles jeunes et plusieurs nébuleuses rosées, pépinières d’étoiles en formation. Cette galaxie très active est une cible très prisée des astronomes professionnels : au cours des 100 dernières années, neuf supernovas (explosions d’étoiles massives) y ont été découvertes, la dernière datant de 2008. Par comparaison, le taux moyen d’apparition de supernovas de la Voie Lactée est d’environ 1 par siècle.
Quant à NGC 6936, c’est un amas ouvert « classique » de magnitude apparente 7,8, distant d’environ 2 000 années-lumière, composé d’une centaine d’étoiles couvrant un domaine angulaire de 8 minutes.
Le 25 avril 2010, la comète C/2009 Mc Naught est passée dans la région située entre NGC 6936 et NGC 6946.

La constellation de Céphée mérite quelques développements.
1) D’abord pour sa mythologie. Céphée, roi d’Ethiopie marié à Cassiopée, eut une fille nommée Andromède. Cette dernière prétendant être la plus belle suscita la jalousie des nymphes Néréïdes qui, fort en colère, demandèrent à Neptune de punir la présomptueuse. Celui-ci envoya un monstre marin (la Baleine) pour dévaster les côtes du pays. Les oracles conseillèrent à Cassiopée de sacrifier sa fille Andromède pour apaiser le monstre. Céphée la fit enchaîner sur un rocher en pleine mer et l’abandonna. Mais Persée, chevauchant son cheval ailé Pégase, pétrifia la baleine et libéra Andromède qu’il épousa. Les cinq constellations: Céphée, Cassiopée, Andromède, Persée et Pégase se trouvent rassemblées dans la même portion de ciel. Et sous Andromède se tient la constellation de la Baleine.
2) Ensuite pour sa forme : dans de bonnes conditions de visibilité, on peut facilement reconnaître son allure : un rectangle surmonté d’un triangle dont le sommet pointe en direction de l’étoile polaire, le tout ressemblant à la vision enfantine d’une « maison ».

3) Enfin pour les étoiles particulières qui la composent :
– a Cephei ou Alderamin (= le « bras droit » du roi Céphée), la plus brillante (magnitude : 3.2, distance : 45 années-lumière) située au pied droit de la « maison ». A cause du phénomène de précession des équinoxes, Alderamin sera l’étoile la plus proche du pôle Nord céleste dans 5 500 ans, à moins de 3° d’écart.

– d Cephei, située près de Zeta Cephei, au pied gauche de la « maison » est le prototype des étoiles variables « céphéides » et leur a donné son nom. Elle passe de la magnitude 3,5 à la magnitude 4,3 sur une période très régulière de 5 jours 8 heures 47 minutes et 32 secondes. Grâce à cette propriété, et à sa distance mesurable par la méthode de la parallaxe (982 années-lumière), Henrietta Leavitt (Harvard, 1910-1920) et Harlow Shapley (1916, Harvard) ont pu établir une loi entre la période, la luminosité absolue et la distance d’autres étoiles variables plus éloignées et des galaxies qui les contiennent. Cette loi sert toujours aujourd’hui à mesurer la distance d’autres « céphéides ».

– g Cephei (Errai ou Alrai), la pointe du « toit », se trouve à 13° seulement de l’étoile polaire et indique sa position.

– m Cephei, qu’on appelle aussi l’étoile Grenat (ou Garnett Star) à cause de sa couleur rouge éblouissante qui n’est cependant visible qu’avec un instrument. Située au milieu des fondations de la « maison », éloignée de 5 260 années-lumière, c’est l’une des plus grandes supergéantes rouges (magnitude 4,2) avec un diamètre de 15 UA (ou 1 420 diamètres solaires). Si elle remplaçait le Soleil, elle s’étendrait à mi-chemin des orbites de Jupiter et de Saturne. C’était l’étoile préférée de William Herschel qui terminait toujours ses observations par un petit détour vers « the Garnett Star ». Par une coïncidence intéressante, c’est l’étoile polaire de Mars.

– x Cephei (Kurhah ou HIP 108917 A et B), presque au croisement des diagonales du rectangle de la « maison », la plus attractive des étoiles doubles de Céphée, avec une composante A bleue-blanche de magnitude 4,4 séparée de 8 secondes d’arc d’une composante B jaune-rougeâtre de magnitude 6,35.

– VV Cephei (ou HIP 108317),  à 1 degré environ « sous » x Cephei (magnitude  : 5,10 ; distance 8 363 années-lumière) est encore plus grande que μ Cephei, mais moins brillante à l’œil nu, et dépasserait l’orbite de Saturne si on la mettait à la place du Soleil.

Note [1] : avec le logiciel Iris, on dénombre 245 pixels pour le diamètre de la galaxie. Sachant que la taille d’un pixel vaut 6,45 µm, le diamètre réel de la galaxie sur le capteur mesure 6,45 X 245 = 1 580 µm ou 1,58mm. D’après le résultat obtenu dans l’article du mois dernier, l’angle sous lequel la galaxie a été enregistrée vaut : 1,58/500 = 0,00316 radian = (0,00316 X 180)/3,1416 = 0,182° ou 10,86 minutes d’angle, valeur très proche des 11 minutes annoncées.

Pour tout commentaire ou renseignement complémentaire : contact@saplimoges.fr

Rédaction : Michel Vampouille